« En juin, les supporters étaient gagnés par le désespoir de la relégation de leur équipe en division inférieure et maintenant c'est un tout autre état d'esprit qui règne, car ils ont un grand espoir de remonter », déclare Belkacem Elimam, président du MCO, qui pense que « les émeutes vécues à Oran suite à cet incident sont dues 100% à la relégation ». Parlant des dégâts occasionnés durant les trois jours de la manifestation de cette colère, l'actuel président du MCO pense que dans toutes les manifestations il y a des casseurs et qu'aujourd'hui, les comités des supporters commencent à faire un travail de proximité. Même si le lien avec le football est indéniable, les événements de juin traduisent peut- être aussi dans une certaine mesure l'extériorisation par la violence d'une frustration qui s'est accumulée face aux inégalités qui commencent à être visibles de manière criarde tant dans le paysage urbain (hôtels et bâtisses de luxe, etc.) que dans la vie de tous les jours (signes extérieurs de richesse, etc.) En effet, les actes de violence commis par les supporters sur un coup de colère, Oran en a toujours connus (jets de pierres sur les trains, saccage de voitures, etc.) mais cette fois, malgré l'enjeu, plusieurs indices montrent que ce pourquoi les gens sont sortis dans la rue est aussi à chercher ailleurs que dans la santé du club « phare » d'Oran. Il y a d'abord l'ampleur de la manifestation de colère qui a fait d'ailleurs que les interpellations s'opèrent dans plusieurs localités situées parfois très loin du quartier El Hamri, le fief du club. Près de 270 personnes, dont une quarantaine de mineurs, ont été traduites en justice et le dossier judiciaire relatif à cette affaire n'a été mené à bout qu'il y a à peine 15 jours. En tout, 90 émeutiers ont été mis sous mandat de dépôt et les peines prononcées contre eux vont jusqu'à une année de prison pour des chefs d'accusation divers, dont coups et blessures volontaires à l'encontre des agents de l'ordre public. Il faut reconnaître que la police a bien géré la situation. Le siège d'un quotidien appartenant à l'ancien directeur du club a été attaqué, mais c'est là le seul acte symboliquement relié au football, car tout le reste, ce sont des édifices et équipements publics (lampadaires, arrêts de bus, salles de cinéma, postes) et privés (commerces) qui ont été visés en dehors des échanges de jets de pierres contre des bombes lacrymogènes avec les brigades antiémeute. Il est vrai qu'aucun slogan ni revendication n'ont été mis en avant durant ces émeutes, mais cette situation traduit également la débâcle de la vie partisane embourbée dans les guéguerres d'appareil et de personnes au détriment d'un travail orienté vers la société et la faiblesse flagrante du mouvement associatif, qui a montré les limites de ses compromissions toujours au détriment de la nécessité d'encadrer les préoccupations des citoyens, ce qui a d'ailleurs été reconnu même dans le discours de certains membres du gouvernement.