Le soldat israélien a été capturé par des hommes appartenant à trois groupes armés lors d'une attaque d'un poste militaire israélien, situé à proximité du point de passage Karm Salem (kerem shalom), entre Israël et l'Egypte, à la lisière du sud de la bande de Ghaza. Cette opération militaire, ressentie par l'armée israélienne comme une véritable humiliation, a suscité l'admiration des citoyens palestiniens. Les résistants qui ont réussi à tuer deux soldats et blessé plusieurs autres ont perdu deux de leurs partenaires au cours des échanges de coups de feux. Les comités de la résistance populaire dont le chef a été récemment assassiné par l'armée israélienne, les brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du mouvement Hamas ainsi qu'un groupe inconnu, l'armée de l'Islam, ont revendiqué cette action militaire spectaculaire et la capture du soldat Gilat Shalit. En contrepartie d'informations a son sujet, ils exigent la libération des mineurs et des femmes détenus en Israël où sont emprisonnés plus de 9000 Palestiniens. En réponse à ces exigences, Israël avait lancé dès mardi soir une série de mesures visant à étouffer l'ensemble des citoyens de la bande de Ghaza en leur imposant un blocus total et par une destruction systématisée des infrastructures de base de ce territoire, actuellement privé d'électricité, d'eau, de carburant, de gaz, de médicaments et de produits alimentaires dont la farine. Par la démolition, dès mardi soir, de trois ponts servant aux déplacements des citoyens entre le sud et le nord de la bande de Ghaza, l'armée israélienne a tenté de transformer ce territoire en deux zones isolées l'une de l'autre. L'armée israélienne qui depuis le premier jour a occupé l'aéroport de Ghaza situé près de la ville de Rafah au sud de la bande de Ghaza, non fonctionnel depuis plusieurs années à cause des événements de l'Intifadha d'El Aqsa, déclenchée en septembre 2000, assiège actuellement l'ensemble de la bande de Ghaza par des milliers de soldats et des centaines de chars qui n'attendent que le feu vert de leurs responsables pour y pénétrer en profondeur. En attendant ces ordres, l'aviation qui utilise tous ses gros moyens, chasseurs de type F16, hélicoptères de type Apache, drones (avions espions sans pilotes), a effectué des dizaines de raids dans différents endroits de ce minuscule territoire, entraînant d'énormes pertes matérielles dans plusieurs édifices dont le ministère de l'Intérieur dévasté par les flammes après avoir été touché par plusieurs missiles lancés à partir d'un hélicoptère de combat de type apache. D'un autre côté, dans un acte qui vise la déstabilisation du système politique palestinien, Israël a procédé, jeudi à l'aube, à l'enlèvement pur et simple de 64 ministres, députés, maires et autres cadres politiques du Hamas dans différentes villes de la Cisdjordanie occupée. Parmi ces responsables figure 4 résidents de la vieille ville d'El Qods, un ministre et trois députés, qui se sont vu annuler leurs statuts de résidents dans leur ville natale, annexe par Israël après son occupation en 1967. L'opération «Pluie d'été», censée obtenir la libération du caporal Gilad Shalit, prend de plus en plus la forme d'une campagne systématique contre le Hamas visant à annuler les résultats des élections de janvier qui l'avaient porté au pouvoir suite aux élections législatives du 25 janvier. «Si le caporal Gilad Shalit est assassiné par ses ravisseurs, ce sera la fin du gouvernement Hamas», a averti un haut responsable de la Défense qui a requis l'anonymat. «Israël a une occasion unique d'en finir avec le Hamas. C'est pourquoi l'objectif d'Israël n'est pas seulement de libérer Gilad Shalit mais d'éradiquer le gouvernement du Hamas», a renchéri le quotidien Yediot Aharonot. A l'inverse, le quotidien Haaretz a accusé le gouvernement israélien d'avoir «perdu la raison» et de s'être engagé «dans une escalade militaire dénuée de toute logique». De son côté, le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé dans un prêche de vendredi, dans l'une des mosquées de la ville de Ghaza, que l'offensive ne provoquerait pas la chute de son gouvernement. Les Israéliens «peuvent assassiner des dirigeants, arrêter des ministres et des députés, mais notre drapeau ne tombera pas», a-t-il affirmé dans sa première intervention depuis le début de l'escalade militaire israélienne. Les citoyens palestiniens, habitués à ce genre de situations, ont essayé de s'approvisionner en matières nécessaires à leur survie. Ils se sont rués sur les bougies et les radios transistors fonctionnant à l'aide de piles pour pouvoir suivre le cours des événements à travers des chaînes locales qui fournissent, il faut le signaler, de très gros efforts, à condition qu'elles ne soient pas ciblées, à leur tour, par la machine de guerre israélienne.