De jour en jour, Israël amplifie son agression contre les territoires palestiniens, particulièrement la bande de Ghaza. Hier peu avant l'aube, alors que la population sombrait dans le sommeil, dans un secteur où le courant électrique était coupé, un avion de chasse de type F16 a pris pour cible une maison de trois étages, dans le quartier populaire de Cheikh Redouane, à la périphérie nord de la ville de Ghaza. Des décombres de cette maison, les secouristes ont sorti neuf cadavres, déchiquetés, difficilement identifiables, selon des sources médicales palestiniennes de l'hôpital El Shifa, proche du lieu bombardé. Parmi ces victimes figuraient deux femmes, sept enfants. Une trentaine de personnes vivant dans le voisinage ont été blessées au cours de ce raid. Selon la radio de l'armée israélienne, Mohammed Deif, chef suprême des brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas, qu'Israël considère comme son ennemi public numéro un, a été blessé alors qu'il participait dans cette maison a une réunion avec au moins trois autres hauts responsables militaires du même mouvement. Mais Abou Obeïda, le porte-parole de la branche armée du Hamas a démenti cette information. « Nous démentons catégoriquement que Deif a été blessé (...). Ces informations fallacieuses sont destinées à couvrir les crimes sionistes », a-t-il affirmé. Par ailleurs au cours de la même nuit, cette fois dans le secteur centre de la bande de Ghaza, un policier palestinien de 34 ans a été tué au cours d'une incursion de dizaines de chars couverts par des drones et des hélicoptères de combat de type apache. Ces forces ont réoccupé le carrefour d'Abou Holi, sur la route Salah Eddine, reliant le Nord au Sud, située entre la ville de Deïr El Balah et celle de Khan Younès au sud. Cette nouvelle situation rappelle le temps où l'armée israélienne découpait la bande de Ghaza en deux zones, nord et sud, avant son retrait en septembre dernier. Le bilan provisoire de cette vaste opération militaire, non limitée dans le temps, entamée le 28 juin, est de 60 Palestiniens tués et plus de 250 autres blessés. Cette amplification des actions israéliennes armées dans la bande de Ghaza fait suite au rejet par Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, de toute possibilité de négociations avec le Hamas à propos du caporal Gilad Shalit, capturé par des résistants palestiniens, le 25 juin, au cours d'une attaque d'un poste militaire israélien, près de Karm Salem, point de passage entre Israël et l'Egypte, à la lisière du sud de la bande de Ghaza. Lundi, depuis Damas (Syrie), le chef politique du Hamas Khaled Mechaâl avait à nouveau suggéré un échange de prisonniers pour permettre la libération du caporal Shalit, mais Ehoud Olmert a immédiatement rejeté cette idée, estimant qu'un tel accord serait « une erreur majeure ». Il exclut de négocier avec le Hamas qu'il considère comme une « organisation sanguinaire ». Aujourd'hui, c'est l'impasse totale. La situation dans la bande de Ghaza s'approche dangereusement de la crise humanitaire. Avec l'état de siège et le blocus total par l'armée israélienne de ce territoire de près de 1,4 million d'habitants, dont l'infrastructure de base a été fortement atteinte au cours de cette agression (les pluies d'été), l'électricité, le carburant, l'eau potable, les médicaments, les produits alimentaires de première nécessité, dont la farine, le lait et l'huile, manquent gravement. Ces pénuries ont entraîné une forte augmentation des prix, devenus inabordables pour la majorité des citoyens. Les interventions de la communauté internationale ont un caractère plutôt timide, vu la gravité de la situation, qui en d'autres lieux, auraient été beaucoup plus conséquentes. La Commission européenne a annoncé, mardi dernier avoir commencé à verser une aide humanitaire de 600 000 euros (765 000 dollars) par mois aux hôpitaux palestiniens de la bande de Ghaza grâce au plan international destiné à contourner le gouvernement du Hamas. La porte-parole de l'UE, Emma Udwin, a précisé que les vingt-cinq utilisaient pour la première fois le plan spécial d'aide. Mais tout le monde connaît la précarité d'un tel système. C'est surtout une grave entorse aux lois internationales qui mettent en avant les autorités locales.