En guise de protestation, les quatre familles ont accroché une pancarte au-devant de la porte de leur immeuble « pour que tout le monde soit au courant de notre situation », dira un des jeunes, rencontré sur les lieux. Sur la banderole de fortune qu'ils ont placardée sur la porte, on peut lire : « Nous avons le droit de bénéficier du programme de la République relatif à la résorption de l'habitat précaire. Notre immeuble a été déclaré, par le CTC, menaçant ruine depuis 2004 ». A l'entrée de l'immeuble, les traces de l'effondrement total des escaliers sont visibles. Il est aujourd'hui quasiment impossible aux locataires des étages du dessus d'accéder à leurs appartement. « Nous avons tout laissé depuis le dernier effondrement, survenu le 12 janvier dernier. D'ailleurs, on a été évacué à partir des balcons grâce à des camions-nacelles et les éléments de la Protection civile peuvent aujourd'hui en témoigner », raconte une jeune mère. Une vieille femme tiendra également à apporter son témoignage et dira : « Après le 12 janvier, on est venu nous voir. On nous a proposé de nous recaser, momentanément, dans une salle de sport située à Merj Eddib. On a accepté, mais une fois sur les lieux, nous avons dû faire face à une grande insécurité. D'ailleurs, les policiers sont venus, une fois, et ont eu à le constater. On a préféré retourner à nos demeures et ne pas passer la nuit ailleurs. Cela ne peut plus durer et nous demandons aux autorités d'intervenir. » Les vingt personnes formant les quatre familles attestent que depuis juin 2004, on n'a fait que leur promettre des solutions. « On nous a même fait comprendre qu'on allait être relogés au courant des vacances scolaires de printemps, on s'est déplacés à la daïra pour nous enquérir des suites qu'on nous réserve, mais on n'a eu aucune réponse. On nage dans le vide. Regardez, ma femme est enceinte et risque d'accoucher d'un moment à un autre. Où est-ce que je l'emmènerai avec mon bébé ? », déclare un des habitants en exhibant le compte-rendu du CTC, établi au mois de juin 2004, où il est textuellement recommandé qu' « afin d'éviter tout risque éventuel pour les occupants, ces derniers doivent être évacués en urgence ». A deux reprises, nos tentatives de joindre le chef de la daïra de Skikda en vue de recueillir ses déclarations se sont avérées vaines.