La nouvelle administration américaine a décidé de s'attaquer au problème de la régulation qui a tant fait défaut aux marchés financiers, entraînant une spéculation sans précédent dans l'histoire de la finance avec, à la clé, la plus grave crise financière puis économique que le monde ait vu depuis les années 1930. Deux mois après son arrivée au pouvoir, la nouvelle administration a décidé de créer une nouvelle autorité de régulation qui sera dotée du pouvoir de liquider les sociétés financières non bancaires. Le principe de la régulation, surtout dans le secteur des finances, a toujours été combattu par les républicains qui y voient une sorte d'atteinte à la liberté d'entreprendre. C'est justement l'absence de régulation et le laxisme dans le contrôle des sociétés financières qui ont permis des escroqueries historiques et des faillites sans précédent dans l'histoire de la finance. La régulation est devenue une revendication internationale et les Etats-Unis se devaient de faire un geste en ce sens à cause de leur statut de locomotive de l'économie mondiale. La crise des crédits hypothécaires dans l'immobilier aux Etats-Unis a vite fait de transformer la crise financière en une crise économique, entraînant une récession mondiale. Intervenant, mardi dernier, devant la commission des finances de la Chambre des représentants, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a indiqué : « Nous devons créer une nouvelle autorité dotée d'un pouvoir de liquidation, de manière que le gouvernement fédéral dispose des outils dont il a besoin pour défaire une institution de la taille et de la complexité d'AIG. » AIG est une société d'assurances que l'Etat américain a sauvé de la faillite en la dotant de 170 milliards de dollars. Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a défendu les mêmes principes devant la commission des finances de la Chambre des représentants en évoquant « la nécessité d'un contrôle renforcé et efficace de toutes les sociétés financières d'importance systémique et d'un besoin urgent de nouvelles procédures de liquidation pour les sociétés financières non bancaires ». Mercredi dernier, le secrétaire au Trésor a été plus explicite en intervenant devant le Conseil des affaires étrangères : « Notre plan donnera au gouvernement les moyens de limiter la prise de risque dans les sociétés pouvant créer des dégâts en cascade », ajoutant : « Dans les semaines à venir, nous prendrons des mesures supplémentaires et proposerons des règles nouvelles et plus fortes pour protéger les consommateurs américains et les investisseurs contre les fraudes financières. » « Toutes les institutions et les marchés qui pourraient poser un risque pour l'ensemble du système seront soumis à un contrôle fort, passant notamment par l'imposition de contraintes idoines relatives à la prise de risque », selon le secrétaire au Trésor. L'initiative de l'administration américaine sur la régulation visant les sociétés financières non bancaires survient à la veille du sommet du G20 qui se tiendra le 2 avril prochain à Londres.