«C'est vraiment une honte», a souligné jeudi Jan Egeland. «Nous n'avons pas eu accès depuis plusieurs jours à la population assiégée du sud du Liban», a-t-il ajouté. Ce cri d'alarme résonnera-t-il aussi fort dans les oreilles des responsables israéliens et américains ? Pour le moment, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires humanitaires ne mâche pas ses mots. Lors d'une conférence de presse à Genève, il a vertement critiqué Israël. Il estime que l'Etat hébreux ne respecte pas le droit humanitaire en empêchant l'accès des organisations humanitaires aux civils. Il a rappelé que plus de 120 000 personnes dans le sud du Liban ont besoin en urgence d'aide. Jan Egeland a regretté que le plan élaboré avec Israël, le Liban et le Hezbollah pour acheminer de l'aide à travers des couloirs humanitaires n'avait pas fonctionné comme chaque partie s'y était engagée. Il a accusé toutes les parties, mais surtout l'armée israélienne, d'être responsables de cet échec qui «empêche les humanitaires de sauver des vies». Aujourd'hui, l'aggravation de la situation humanitaire est très inquiétante, selon les agences humanitaires des Nations unies et les organisations non-gouvernementales activant au Liban. La seule voie d'accès au Liban-Sud, le pont sur le fleuve Litani, a été bombardée et rasée par l'aviation israélienne. Un délégué humanitaire s'insurge et laisse exploser sa rage : «Israël a coupé la principale voie d'acheminement de l'aide destinée aux populations libanaises. C'est un crime !» Médecins sans frontières comme le HCR ou encore le CICR dénoncent, d'une même voix, le bombardement de ce pont. Lors de sa dernière visite dans la région, le président du CICR a traversé à pied le fleuve Litani, sur un tronc jeté entre les deux rives, pour gagner la ville portuaire de Tyr. Une forte image symbolique pour briser le blocus israélien. Sur le terrain des opérations humanitaires, les convois sont toujours bloqués. Aujourd'hui, pour acheminer nourriture, matériel médical et carburant, il faut compter sur les gros bras de qelques volontaires courageux. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont demandé le «respect» des corridors humanitaires. Ils rappellent que les hôpitaux libanais sont débordés, les infrastructures sérieusement atteintes et le bilan de l'agression israélienne contre le pays du Cèdre est lourd en pertes humaines et matérielles. Les Nations unies ont demandé une aide d'urgence de 150 millions de dollars. Selon l'ONU, la pénurie de carburant qui menace le Liban risque de paralyser les infrastructures vitales, les hôpitaux et les stations de pompage, ce qui aggraverait les conditions déjà très précaires de dizaines de milliers de personnes. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les pénuries de carburant pourraient provoquer des épidémies. C'est pourquoi le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a lancé dans le sud du Liban – région très menacée –, une campagne de vaccination de milliers d'enfants pour empêcher l'apparition de la poliomyélite et de la rougeole. La seule lueur d'espoir vient du président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, qui a achevé sa tournée au Proche-Orient. Il affirme avoir obtenu un engagement personnel du Premier ministre israélien pour un meilleur accès de l'aide humanitaire au sud du Liban. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a promis au président du CICR de «faire tout son possible» pour que le CICR puisse accéder aux victimes du conflit entre Israël et le Hezbollah au sud du Liban, a indiqué Jakob Kellenberger. «J'ai rencontré M. Olmert et les ministres israéliens des Affaires étrangères et de la Défense, Tzipi Livni et Amir Peretz, et leur ai dit que je ne suis pas satisfait de ce qui se passe sur le terrain humanitaire», a dit le président du CICR. «J'ai le sentiment que le message a été compris», a ajouté Jakob Kellenberger. Autre priorité humanitaire, celle de Ghaza, où le président du CICR a rencontré le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh. Ils ont notamment évoqué la question du soldat israélien capturé par des groupes armés palestiniens le 25 juin, a indiqué le président du CICR, mais sans fournir plus de détails. Le CICR est aussi très préoccupé par la dégradation des conditions humanitaires dans les territoires palestiniens.