Le Liban va manquer de carburant dans les jours à venir si les combats continuent, ce qui paralysera les hôpitaux et coupera l'électricité dans le pays, a averti jeudi le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Jan Egeland. « La pénurie de carburant est la crise humanitaire la plus inquiétante en ce moment », a déclaré M. Egeland au cours d'une conférence de presse. « S'il y a quelque chose qui va être critique dans les prochains jours et les prochaines semaines, plus encore que le ravitaillement en nourriture, c'est l'approvisionnement en carburant », a-t-il souligné. Quatre hôpitaux du sud du Liban sont déjà à court de fuel pour faire tourner les générateurs indispensables aux salles d'opération, a indiqué M. Egeland. La pénurie de mazout et d'essence est due au blocus maritime et aux bombardements des routes et des ponts par Israël ainsi qu'à la difficulté d'accès des navires pétroliers. Les propriétaires de deux pétroliers affrétés par l'ONU ont renoncé à les faire accoster à Beyrouth parce qu'ils jugeaient la situation trop dangereuse. « Il y aura une panne du réseau électrique national si le mazout n'arrive pas rapidement », a prédit le responsable de l'ONU. Un médecin urgentiste libanais a déclaré, hier, à la chaîne Al Jazeera : « Les générateurs sont à l'arrêt faute de fuel. Les hôpitaux ne peuvent plus assurer les soins d'urgence et les malades nécessitant, par exemple, une respiration artificielle sont renvoyés chez eux. » Par ailleurs, un navire transportant de l'aide humanitaire pour le compte du Comité international de la Croix-Rouge à Tyr était toujours bloqué, hier, à Chypre faute d'autorisation des Israéliens d'accoster dans ce port du sud du Liban, a indiqué le CICR. Selon le porte-parole du CICR à Tyr, Roland Huguenin, le bâtiment, avec à son bord plus de 100 tonnes de vivres, aide médicale et kits d'urgence, attend depuis deux jours à Larnaca le feu vert des autorités israéliennes. En attendant, le CICR organisait hier l'acheminement de « quelques tonnes » de nourriture depuis Saida, plus au Nord, au moyen de deux camions jusqu'au fleuve Litani, au nord de Tyr. Les deux ponts enjambant le fleuve ayant été détruits par les bombardements israéliens, les cartons seront « transportés à dos d'hommes à travers le fleuve puis de nouveau chargés sur d'autres camions, ce qui nous fait perdre un temps précieux », a déploré M. Huguenin.