Le Liban vit une situation humanitaire d'urgence. Près d'un million de personnes, soit un quart de la population, ont été déplacées par la guerre. La distribution des premiers secours aux Libanais fonctionne au ralenti. L'hébergement des réfugiés reste difficile à mettre en place. La situation est particulièrement dramatique au sud du pays où les combats font rage. Sur le terrain de la guerre, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a eu la possibilité de constater dès lundi l'ampleur du désastre causé par l'Etat hébreux au pays du Cèdre. Pour jauger la situation sur place et connaître les besoins des autorités libanaises, Jakob Kellenberger a rencontré le président libanais Emile Lahoud, le premier ministre Fouad Siniora et le président du Parlement Nabih Berri. Lors de sa rencontre avec le chef du CICR, le président Emile Lahoud a souhaité que le CICR « œuvre pour assurer la libération des Libanais détenus en Israël » dans le cadre d'un échange de prisonniers. Le président libanais a précisé que « le Liban est favorable à toute mesure visant à réaliser un échange, en coordination avec les parties concernées, comme cela s'est produit dans le passé », selon le communiqué de la Présidence. Le président du CICR a, également, rencontré le président de la Croix-Rouge libanaise, cheikh Samy Dahdah. Depuis le déclenchement du conflit, la Croix-Rouge libanaise s'est montrée à la hauteur du défi en apportant les premiers secours aux populations civiles. Obstacles La Croix-Rouge libanaise fait un boulot remarquable, observent les délégués du CICR qui sont arrivés de Genève après le début de l'agression israélienne. Le Liban-Sud reste inaccessible pour les humanitaires. La violence des combats entre l'armée israélienne et les combattants du Hezbollah rend la situation trop dangereuse pour tenter d'acheminer de l'aide aux villages du Liban-Sud, estime le CICR. Du coup, plusieurs hameaux du sud et sur la bande frontalière sont coupés du reste du pays depuis trois jours. Au centre des opérations à Genève, le CICR est très préoccupé, car la population civile dans les villages isolés a besoin d'aide. L'organisation a précisé que les habitants des localités rurales du Sud-Liban n'étaient pas en mesure de quitter leur foyer pour aller chercher des fruits et légumes sur les terres cultivées des environs. « Il faut s'attendre à un drame humanitaire dans la région. La population va mourir de faim », affirme un délégué du CICR. Autres obstacles que rencontrent les humanitaires au Liban sont les trajets des convois pour l'acheminement de l'aide. Pour quitter Beyrouth, cela prend des heures aux convois, contraints d'emprunter des petites routes plus sûres. Le matériel doit, en outre, être transporté par petits véhicules, soit 8 à 12 camionnettes par convoi, car les camions sont bombardés. Sur place, le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, a regretté ces conditions de travail tout en encourageant les humanitaires à redoubler de force pour venir en aide aux civils. Il a aussi rappelé l'objectif du CICR pour les prochains mois au Liban, qui est d'approvisionner en nourriture et biens courants 200 000 personnes, d'assurer l'accès à l'eau potable pour 1,2 million de personnes et de soutenir les équipements médicaux pour 650 000 civils.