Les cours du fer et du ciment sont, d'ores et déjà, dans une tendance orientée à la hausse dans tout le pays. Les prix, après avoir connu une baisse en début de l'année, après un pic important en 2008, enregistrent une légère augmentation depuis quelques jours, notamment à Tizi Ouzou. Si la conjoncture de récession internationale rétablit, un tant soit peu, les cours de l'acier et du rond à béton, dans le pays, le négoce du ciment subit d'autres écueils qui tirent les tarifs vers le haut. Le prix du métal est négocié à 4200 DA/q depuis la semaine dernière. Un tarif promu à la hausse en prenant en compte la forte demande sur le produit, en cette période de l'année. Une conjecture qui dissuade les auto-constructeurs, comme les entreprises du BTP à constituer des stocks. Pour un détaillant, « les prix pourraient se raffermir en encourageant les particuliers à aller vers l'acquisition des aides à l'habitat rural, qui renforcera la demande ». Alors qu'il était à 3300 DA, le fer reprend des ailes pour gagner 100 à 700 DA supplémentaires pour atteindre 3400 et 4000 DA/q. Lors de la rencontre des cadres de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), la semaine dernière, à l'hôtel les Trois Roses (ex-Concorde) de Tizi Ouzou, Mouloud Kheloufi, président de l'association a indiqué : « L'Algérie importe 70% de fer, de moindre qualité, le complexe sidérurgique sis à El Hadjar ne produisant que 30% des besoins nationaux. » La qualité du produit importé étant médiocre, le conférencier déclare : « Nous avons demandé aux autorités concernées d'installer un centre d'expertise pour le contrôle de la qualité. » En plus de la conjecture de la crise financière mondiale, la hausse pourrait être soutenue par des facteurs internes. En effet, on indique que ArcelorMittal-Annaba (complexe sidérurgique) arrive difficilement à couvrir les 20% des besoins nationaux en matière d'acier long. Autre matériau très demandé, le ciment. Le ciment dit « noir », le plus utilisé, affiche une augmentation allant de 40% à 50%, chez les médiateurs. Il est vendu à 800 DA/q sous bon, alors qu'il est coté à 450 et 470 DA/q sortie d'usine. Au niveau des détaillants, le quintal est proposé à 1 200 et 1 400 DA/q. « Il faut signaler que les détaillants gagnent une faible marge par rapport aux médiateurs. Les médiateurs sont des commerçants qui achètent le produit d'une année, parfois, à l'usine. La livraison se fait après une semaine d'attente devant l'usine avant de se voir livrer un bon par ces commerçants. On n'achète pas directement de l'usine », disent les détaillants. A en croire ces derniers, « les prix du ciment sont manipulés par ces médiateurs qui exercent leur commerce depuis leur véhicule ! En clair, ce sont eux qui représentent le marché parallèle, et l'Etat le sait très bien ». Dans le même ordre d'idées, le président de l'AGEA estime : « On peut passer d'importateur à exportateur si les producteurs fonctionnent à plein régime, et non avec un mode alternatif et intermittent. La production n'est jamais suffisante et c'est ce qui tire les prix vers le haut ». En outre, l'impact attendu des investissements publics, étrangers et ceux en partenariat dans la production du ciment, projeté à l'horizon 2012 est très attendu afin de parer à la pénurie récurrente du ciment. Ainsi, la capacité de production oscillera entre 23 et 24 millions de tonnes par an. L'AGEA, pointe du doigt un dysfonctionnement au niveau des cimenteries qui oblige les entrepreneurs, mais aussi les revendeurs à acheter au marché parallèle.