L'Etat est appelé à contrôler les importateurs, faute de quoi l'incidence sur le marché algérien sera de 15% à 20%. Après le sucre et les spéculations sur le lait, le café devra coûter plus cher. La hausse se fait déjà sentir. Le café à la demande coûte d'ores et déjà légèrement plus cher, tandis que la flambée réelle est annoncée pour les mois à venir. La Bourse de Londres, étant la plus importante avec la place new-yorkaise, a, dès maintenant, déclenché l'alerte avec des prévisions d'une hausse allant jusqu'à 5%. Cette augmentation devra durer jusqu'au mois de mai, son pic de l'année, puis viendra la tendance à la baisse, a-t-on confirmé hier. Cette hausse, de 2% à 5%, devra se faire sentir sérieusement en Algérie, en l'absence d'un contrôle rigoureux régissant la pratique liée aux importations. Surtout que cette denrée ne fait pas partie de la liste des produits subventionnés par l'Etat, à savoir le lait, l'eau et le pain. Cela dit, les effets de cette hausse vont peser sur le consommateur algérien. L'Algérie, il est utile de le signaler, a importé quelque 80.000 tonnes de café vert durant l'année 2005. Le chiffre était à hauteur de 110.000 tonnes en 2004. Etant un produit boursier, la tonne de café vert devra être vendue en mars à quelque 1533 dollars et à 1537 en mai, expliquant une hausse légère en comparaison avec les derniers chiffres recensés. Cette hausse se répercutera, comme à l'accoutumée, sur les prix du kilogramme pratiqués sur le marché national. Une certitude confirmée auprès de Malek Mebarek Serrai, expert international. Selon lui, le cours du café est toujours lié aux variations boursières. Après le soulagement concernant les salaires, négociés à bâtons rompus, c'est la déception auprès du citoyen. La poudre de lait, un autre produit de base, est en rupture de stock, ce qui a suscité la fièvre des «producteurs», réclamant d'ores et déjà une hausse des prix. Un conseil interministériel est prévu dans les prochains jours pour «mettre en place les mécanismes nécessaires devant juguler la crise de la production de lait». Quoi qu'il en soit, le prix du lait, contrairement à celui du café, bénéficie de la subvention de l'Etat. Reste à savoir si cette réunion, annoncée au lendemain de la fièvre spéculatrice, n'accouche, en fin de compte, d'une petite souris. Le café vient, ainsi, se greffer à une autre crise annoncée dans le secteur du lait. Six unités ont déjà mis la clé sous le paillasson, tandis que 40 autres unités de production disposent de stocks leur permettant de tenir plus de deux semaines, selon le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire. Face aux prix élevés du café, annoncés par les Bourses londonienne et new-yorkaise, quelle sera l'attitude des importateurs algériens? A cette question, Malek Mebarek Serraï dira: «Certainement, ces derniers mettront à profit cette occasion afin de mettre la barre du coût pratiqué sur le marché national au plus haut niveau». L'Etat est appelé à contrôler les importateurs, faute de quoi l'incidence sur le marché algérien sera des plus importantes. Notre interlocuteur, étant un expert en la matière, prévoit un contre-coup de 15% à 20%, soit une hausse d'environs 20 dinars par kilogramme. Faut-il rappeler, dans la foulée, que la consommation par habitant a atteint des niveaux de l'ordre de plus de 3 kg /an. Aussi, pour faire face à toute éventuelle hausse, Malek Mebarek Serrai propose de diversifier les destinations des importateurs algériens. Sur l'axe de l'Est existe deux pays producteurs de café, à savoir l'Ethiopie et le Vietnam «avec lesquels l'Algérie a d'excellentes relations». La hausse des cours du café à la Bourse est liée surtout, à en croire Serrail Malek Mebarek, aux conditions climatiques des pays producteurs, aux pressions politico-économiques de ces derniers ainsi qu'à l'attitude des pays industriels. Quant à l'Etat algérien, seul habilité à protéger le citoyen, celui-ci est appelé, d'après cet expert à surveiller de plus près les cours sur la place londonienne et new-yorkaise.