En dépit des assurances données, avant-hier, par le Liban et les appels incessants lancés par l'ONU, les pays potentiels contributeurs, notamment les Européens, se montrent toujours hésitants. Ces derniers conditionnent leur engagement dans la future Finul par la définition, au préalable, de sa mission au Liban. Les hésitations de la France ont influé négativement sur la décision de l'Union européenne (UE) qui tiendra une nouvelle réunion, avant la fin de la semaine, pour clarifier le niveau de son engagement dans la force internationale. Pour l'ONU et beaucoup de pays, l'engagement en force des pays européens, en particulier la France, est impératif, d'autant que la trêve au Proche-Orient est encore fragile. La violation, samedi dernier, par Israël, de l'accord de cessez-le-feu a mis en avant l'importance de l'envoi d'une force internationale importante aux frontières israélo-libanaises. Hier encore, le président des Etats-Unis d'Amérique, George W. Bush, a appelé à un déploiement rapide de la Finul au sud du pays du Cèdre. «C'est un besoin urgent», a estimé le président des USA lors d'une conférence de presse tenue à la Maison-Blanche. Selon lui, la communauté internationale doit désigner maintenant la direction de cette nouvelle force internationale en lui donnant «de solides règles d'engagement et la déployer aussi rapidement que possible pour garantir la paix». Excluant l'éventualité d'envoyer des soldats américains au Liban, George Bush a exhorté la France à jouer un rôle pivot dans la future Finul renforcée. Cela en engageant plus de soldats au Liban. Mais la France, ayant doublé uniquement son propre contingent au sein de la Finul, porté à 400 hommes, attend la clarification du mandat de cette dernière avant d'y engager des soldats supplémentaires. Pour rappel, l'ONU compte envoyer, avant la fin du mois d'août en cours, une avant-garde de 3500 hommes pour maintenir la paix au sud du Liban. La Finul, selon les textes de la résolution onusienne 1701, doit passer de 2000 à 15000 hommes d'ici à la fin de l'année 2007. La «contribution» des USA, a indiqué également George W. Bush, se limitera à la fourniture de soutien logistique et à l'aide sur le plan du renseignement et du contrôle du cessez-le-feu. «Il s'agit de la contribution la plus efficace que nous pouvons faire en ce moment», a-t-il estimé. L'Amérique, a-t-il ajouté, s'est engagée à verser 230 millions de dollars pour la reconstruction du Liban. En sus de la problématique de la composition de la Finul, l'ONU est confrontée à un autre problème : celui du commandement de cette dernière. Les déclarations du Premier ministre israélien, Ehud Olmert, qui avait exprimé son souhait que «l'Italie joue un rôle primordial au sein de la force internationale», risque de susciter une polémique entre la France et l'Italie. Ces propos n'ont pas laissé indifférente la France. Par la voie du porte-parole de son ministre des Affaires étrangères, la France a rétorqué : «Il revient aux Nations unies de décider de la composition et du commandement de la force de l'Onu renforcée qui doit être mise en place dans le sud du Liban.» Pour le responsable français, «il revient au Secrétaire général des Nations unies de confirmer, en concertation avec l'ensemble des parties concernées, les différentes propositions de participation à la Finul renforcée qui lui ont été faites». Rappelant que la composition de la Finul n'est pas encore arrêtée, Paris affirme que la question de son commandement «n'est pas la question première».