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Communes sous perfusion
Publié dans El Watan le 05 - 09 - 2006

Derrière ce malaise dans les structures organiques et au-delà des frictions politiques classiques, l'on retrouve immanquablement une détresse matérielle des collectivités dépourvues de ressources, vivant uniquement des subventions de l'Etat. Nous nous sommes rapprochés des APC d'Ifigha, de Aït Agouacha et de Mechtras, gérées respectivement par les indépendants, le FLN et le RCD. Les candidats indépendants dans la commune d'Ifigha (50 km à l'est de Tizi Ouzou) ont créé la surprise en remportant les élections du 23 novembre 2005. Ils avaient obtenu trois sièges dans une assemblée de sept élus, le RCD ayant eu deux, le FFS et le FLN s'étant contenté d'un siège chacun. C'est l'une des huit communes gagnées par les listes d'indépendants. Après quelques mois de fonctionnement régulier, la commune d'Ifigha sort de sa torpeur à la suite d'une déclaration signée par trois élus. Un élu du RCD démissionne de la commission des finances et l'élu du FFS abandonne la commission sociale. Un ensemble de griefs est porté dans leur déclaration, reprochant au président de l'APC une gestion «opaque» et le non-respect du code communal. Premier point inscrit dans leur rapport, la «modification des propositions de projets inscrits en PCD (plan communal de développement), adoptés en assemblée». L'on soulève aussi la non-association des présidents de commission dans les prises de décisions et aux réunions liées à la gestion de l'APC. La lettre des élus envoyée au chef de la daïra d'Azazga et au wali de Tizi Ouzou, ainsi qu'une déclaration en direction de la population, révèlent une dégradation du climat à l'intérieur de l'assemblée, rendant aléatoire la conduite des affaires de cette commune de 8 000 habitants. Se défendant de ces accusations, le président d'APC nous montre les procès-verbaux de réunions et des documents appuyant le fonctionnement des organes de l'assemblée en conformité avec les textes réglementaires. Il souligne que c'est l'administration qui tranche dans le financement des projets de développement. Au sujet du programme PCD pour l'année en cours, l'APC avait proposé douze opérations pour un montant de 51 millions de dinars. La commission d'arbitrage de wilaya n'en a retenu que six, ajoutant d'autorité deux opérations non prévues par la commune, à savoir la réhabilitation du siège de la garde communale et l'acquisition d'un rétrochargeur. Le budget accordé est de 24 millions de dinars, dont 7 pour la pelle mécanique. La commission d'arbitrage de wilaya, qui a une terrible réputation au sein des élus locaux, a annulé deux opérations d'assainissement des eaux usées ainsi que la réfection d'une route communale. En fait d'arbitrage, il s'agit de réduction drastique des besoins exprimés par les APC, et les réunions de cette commission de wilaya font subir de véritables cures d'amaigrissement aux programmes communaux de développement. L'Assemblée populaire de wilaya, quant à elle, tente d'apporter sa modeste contribution pour aider les communes à sortir la tête de l'eau. L'APW a dégagé un peu d'argent à l'APC d'Ifigha pour transformer deux locaux en foyers de jeunes, ce qui est vivement souhaité dans une localité rurale où les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Par ailleurs, l'APC a introduit une demande de financement pour la réalisation d'un «stade combiné» (aire de jeux pour sports multiples) au profit de plusieurs villages de la commune. Les fiches techniques sont transmises à la direction de la jeunesse et des sports ainsi qu'au fonds commun des collectivités locales (FCCL), dépendant du ministère de l'Intérieur. L'APC attend toujours la réponse. Des demandes de subventions adressées au FCCL, ce sont des bouteilles jetées à la mer, depuis que ce fonds sert en partie à payer les salaires de la garde communale. Ce corps de sécurité est payé sur des fonds destinés aux collectivités locales, mais il dépend des autorités militaires et n'opère que dans le cadre de la lutte antiterroriste. Bien que disposant de 24 gardes communaux, Ifigha se retrouve complètement démunie face à une insécurité chronique, marquée par des agressions à répétition sur le CW251. Les faux barrages se sont mués en «braquages». Les citoyens sont tenus de se défendre eux-mêmes et de se constituer en cortège pour évacuer un malade la nuit.
Le FLN, qui contrôle neuf APC dans la wilaya de Tizi Ouzou, a aussi son lot de vicissitudes et de défiance. L'ex-parti unique a également créé la surprise en arrachant la majorité absolue dans la commune de Aït Agouacha (dans la daïra de Larbaâ Nath Irathen). Quatre sièges sur sept étaient revenus au FLN, deux pour le RCD et un au FFS.
Une déclaration émanant du conseil communal du RCD nous est parvenue ces derniers jours, s'insurgeant contre les «dérives» de l'actuelle majorité et affirmant que le budget de la commune est «englouti dans des projets mal pensés et très mal suivis». Nous nous sommes rendus dans cette commune de la haute Kabylie, où le FLN s'est offert une large victoire électorale lors des partielles de novembre dernier. «Nous avons perdu de justesse le cinquième siège», nous dit le P/APC.
L'opposition démocratique aura fort à faire pour reconquérir l'assemblée locale aux prochaines élections annoncées pour octobre 2007. La bataille a déjà commencé et les élus contestataires dénoncent la gestion «chaotique», «l'amateurisme et le laisser-aller» de l'exécutif en poste. L'actuel P/APC n'est pas un technocrate coopté par l'appareil du FLN, mais un ancien directeur d'école élu indépendant à la tête de l'APC en 1997, avant d'être désigné administrateur de la commune en octobre 2002, suite à l'empêchement des élections locales au lendemain des événements de Kabylie. Un peu frappé par la virulence de la déclaration des élus de l'opposition, il tente de défendre son bilan. Aït Agouacha, c'est 26 km2 de montagne où il n'existe aucune activité économique. La commune vit des subventions étatiques. Au chapitre des budgets PCD alloués à la commune, la commission d'arbitrage, encore elle, a eu la main lourde sur les fiches techniques soumises par l'APC. Deux milliards de centimes accordés sur sept milliards demandés. Six opérations retenues sur dix-sept proposées par l'assemblée locale. Cela va profiter à quelques villages, dans des travaux de réfection de la conduite AEP et du réseau routier. Par ailleurs, le programme de développement rural (PPDR) a réservé 7,6 millions de dinars pour le village Icheridhen (réalisation d'un foyer de jeunes, réhabilitation de la salle de soins, aménagement rural et revêtement de route). Ce n'est que justice pour un village qui, en 1857, face à l'invasion coloniale française, a été le théâtre d'une bataille inscrite dans la mémoire et l'histoire.
Subventions
et dons privés
Les membres de l'exécutif à l'APC soulignent que leur commune est l'une des rares collectivités à assurer le ramassage scolaire intégral pour les écoles primaires, le CEM et vers le lycée de Larbaâ Nath Irathen (5 km). Pour ce faire, l'APC dispose de 4 minibus et de 2 camions aménagés. Une importante flotte, rare dans la région. Pour constituer ce patrimoine roulant, l'Etat a fait jeu égal avec un donateur privé. Deux minibus acquis sur le budget de wilaya, et deux autres donnés en 2002 par le groupe Blanky, dont le patron est originaire de la localité. Le groupe a également offert à la commune une ambulance qui rend service aux citoyens des nombreux villages, y compris ceux des communes limitrophes. A Aït Agouacha, c'est le centre de santé qui appelle l'APC quand il y a un besoin d'ambulance. Blanky a en outre acquis 10 ordinateurs au profit de l'APC, qui les a affectés au CEM. «Ils en ont plus besoin que nous», disent humblement les élus.
Mechtras (40 km au sud de Tizi Ouzou), est l'une des 19 communes que gère le RCD dans la wilaya. Le parti de Saïd Sadi a obtenu dans cette commune une assise confortable (5 sièges sur 9). Le FFS et le FLN, qui disposent chacun de 2 sièges, ne créent pas de difficultés à l'exécutif communal. Il en rencontre suffisamment sur le terrain. Jusqu'à il y a un mois, Mechtras disposait d'une unité économique, dans le secteur de la transformation du bois. La filiale de l'ex-SNLB a fini par fermer ses portes et libérer ses 150 employés. Cela a désertifié économiquement la commune, la ramenant au même niveau d'indigence que les collectivités voisines. «Nous comptons quelques petites entreprises privées, mais l'activité au noir fait que cela ne profite pas à la commune. On ne recueille comme recettes fiscales que 37 millions de centimes en six mois», nous dit le deuxième vice-président. Cette année, les 65 employés de la commune sont restés sans salaire pendant 4 mois. Il a fallu attendre les enveloppes budgétaires pour assurer le fonctionnement de l'APC et injecter un peu d'argent dans quelques opérations pour certains villages. Les affichages au siège de l'APC font penser à un établissement sanitaire. Campagnes de prévention contre la leishmaniose et contre la typhoïde. Un intérêt pour la santé publique dans une commune qui ne dispose que de trois unités de soins, qui sont de simples infirmeries. Il n'y a aucun médecin, aucun dentiste, pas de sage-femme et pas d'unité PMI (protection maternelle et infantile) dans cette commune de 17 000 habitants. «Un citoyen a mis à la disposition de la commune un terrain pour implanter une polyclinique. Nous avons transmis le dossier à la direction de la santé. Nous espérons l'inscription de cette structure car l'hôpital de Boghni (7 km) est dépassé», nous dit le vice-président. Dans cette commune qui aurait pu avoir une vocation agricole, le CFVA (vulgarisation agricole) est devenu CFPA et dort inutilement sur 11 hectares de terrain.
Qu'offre-t-on comme perspectives aux jeunes dans cette commune qui s'éloigne de sa vocation agricole et qui a fermé sa seule unité industrielle ? Il existe une maison de jeunes au chef-lieu, mais son fonctionnement n'est pas optimal, de l'avis des élus. Ils nous montrent un courrier émanant du directeur de cette structure de la jeunesse, en réponse à une demande envoyée par l'APC le jour même. Un groupe de jeunes voulait organiser un tournoi de football et a transmis une demande sous le cachet de l'assemblée communale. Le directeur de la maison de jeunes a réclamé que l'association ait une existence officielle pour satisfaire à l'exigence d'assurance pour les participants au tournoi. Le fonctionnaire de la DJS a peut-être raison, estime-t-on à l'APC, mais l'on se désole que les jeunes essuient des refus avec une telle diligence. Seuls à garder les portes grandes ouvertes en direction de la jeunesse, les patrons de bars. Il existe une vingtaine d'établissements de ce genre dans la commune.
Quelques-uns «travaillent» dans l'illégalité. L'insécurité est chronique et il n'y a pas de services de sécurité pour assurer l'ordre et le respect de la loi. Les élus nous montrent une décision de fermeture administrative signée par le wali de Tizi Ouzou, le 31 janvier 2006. Elle n'a pas été exécutée. L'établissement visé continue de fonctionner. Il est limitrophe d'une école primaire. Il ne s'agit pas d'une lacune, mais d'une faillite de l'autorité publique. L'APC a, de son côté, signé, le 3 juillet dernier, un arrêté d'interdiction d'étalage sur les trottoirs. La décision est visée par la daïra, mais il n'y a aucune force publique pour la mettre en œuvre. Pauvres de naissance, les communes de la wilaya de Tizi Ouzou attendent un meilleur climat politique et un renforcement des prérogatives et des plans d'aide publique pour amorcer enfin une réelle dynamique de développement.


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