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Le pétrole, le Moyen-Orient et les Etats-Unis (1re partie )
Publié dans El Watan le 01 - 10 - 2006

En résumé, en marge de toute légalité internationale, les dirigeants aux USA soucieux de leurs prochains, ont suivi leur conscience qui leur a dicté la marche à suivre, même si l'opinion internationale s'était mobilisée pour les en dissuader.
Conscients de leur suprématie dans l'essentiel des domaines de l'industrie militaire et de l'économie, les USA s'érigent en protecteurs à l'échelle du monde, en mesure de décider qui se situe dans la bonne voie de celui qui s'en écarte bien sûr, ce dernier étant appelé à se conformer à la grille de lecture des valeurs telles que définies par ce grand pays. Mais, interrogeons-nous sur cet acharnement de l'équipe dirigeante de la Maison-Blanche et du Pentagone, à vouloir sans se soucier des conséquences géopolitiques et géostratégiques qui peuvent évoluer dans un sens non planifié, régenter un pays berceau des civilisations de Sumer (le Sumérien est la plus ancienne langue écrite ; 3000 ans avant
J.-C.), d'Akkad, de Babylone, capitale d'Alexandre le grand et l'Assyrie (1300 ans avant J.-C.).
Laïc bien que les (17) millions d'habitants sont dans leur grande majorité arabo-musulmans, ce pays a comme principale ressource les hydrocarbures en grandes quantités et, une position géographique ô combien capitale pour la stratégie américaine dans cette région du monde. Dans une contribution en mars 2002, l'occasion m'a été donnée de souligner les objectifs non avoués des USA qui ne se limitaient nullement aux frontières mythiques du grand Etat d'Israël mais bien au delà, visant à atteindre la mer Caspienne avec ses immenses réserves de pétrole et de gaz et les confins de l'Asie occidentale, une ouverture terrestre sur la Chine devenue, maintenant, possible avec l'implosion réussie de l'ex-URSS.
J'avais développé en substance, que le recours à l'énergie nucléaire comme source de substitution programmée aux hydrocarbures n'est plus, depuis l'incident de Tchernobyl, envisageable aux conditions actuelles de coûts mais aussi de sécurité. Aussi, le pétrole et le gaz allaient continuer à être des éléments déterminants dans les stratégies et les alliances des pays industrialisés, dont les USA. D'ailleurs, la confrontation au sein même de ces pays, notamment entre l'Europe et les USA pour une mainmise sur les principales réserves du monde, n'est un secret pour personne. C'est dans ce cadre qu'il faut inscrire ce premier redéploiement militaire et politique selon le cas des USA au Moyen-Orient et même au Maghreb. La disparition de l'Union soviétique a entraîné une recomposition géopolitique qui suscite bien des appétits, notamment autour de la Caspienne.
Les nouvelles routes du gaz et du pétrole dans cette partie du monde, pour atteindre les marchés occidentaux, devront nécessairement traverser à l'instar de la Turquie des pays comme, l'Irak, la Syrie, l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan. Des ouvertures politiques permettront l'accès à ces ressources comme ce fût le cas pour bien d'autres régions.
En ce qui nous concerne, comme d'ailleurs la Libye qui vient de se réconcilier avec les USA, nous sommes une alternative de choix à l'investissement dans ce domaine stratégique pour les grands groupes pétroliers, qui considèrent que le moyen-orient est une des régions à risque élevé. C'est pourquoi, appliquons-nous à mener des réformes en adéquation avec nos propres objectifs et comportements sociaux sans pour autant perdre de vue, ni la performance, ni la compétitivité, ni le fait que la mondialisation est sans retour, car c'est l'évolution historique des choses ; les frontières sont une création de l'homme d'hier, celui d'aujourd'hui va s'atteler pour maximiser son profit à les faire disparaître.
Avant de tenter de cerner les «commandements» des lobbies américains pour cette région, j'aimerais, pour l'orthodoxie, mais aussi pour des raisons d'impartialité, évoquer dans cette analyse, somme toute non exhaustive, l'ostracisme qui caractérisait le régime irakien en direction de toute autre forme d'expression qui n'est pas en accord avec une dictature qui maintenait tout un peuple à l'ère de la mondialisation et des nouvelles technologies, sous l'empire d'une caste au détriment d'une mobilisation pour hisser un pays de cette dimension au niveau des exigences de la modernité, des libertés individuelles et collectives. La stratégie du parti Baâth (parti d'obédience socialiste créé par le syrien Michel Aflak en 1953) au pouvoir depuis 1968 dans un pays controversé, où cohabitent des populations arabe, perse, chrétienne, kurde et d'autres minorités, a toujours consisté à attiser des conflits ethniques et à les maintenir de telle manière que ce parti puisse rester au pouvoir en contrôlant ce type de relation.
Fragilité de l'europe
A la fin des années 1970, la perte par les américains de l'Iran va donner une occasion aux dirigeants irakiens de se maintenir près d'une décennie en acceptant de défendre les intérêts des monarchies de la région et, par voie de conséquence, ceux des pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique. C'est ainsi que le conflit Irak-Iran a abouti à une fragilisation des deux antagonistes, au seul profit des stratèges occidentaux qui avaient planifié la recomposition géopolitique de la région en tenant compte également, des objectifs de l'Etat d'Israël qui ne pouvait continuer à tolérer cette menace permanente de ses voisins, notamment la Syrie, l'Irak et l'Iran. Endetté d'environ 60 milliards de dollars, l'Irak à l'issue de sa guerre avec l'Iran était en situation d'implosion inévitable, surtout après la démobilisation d'une partie de l'armée qui venait grossir les rangs des chômeurs, et la faiblesse des revenus pétroliers en raison d'une offre élevée du brut. Aussi, devant le refus des monarchies de lui prêter assistance et devant la passivité ou l'accord tacite des USA, le pouvoir, en Irak, pour se maintenir, n'avait d'autre choix que de se réfugier dans un nouveau conflit et de désigner un nouvel ennemi pour détourner l'attention de son peuple des véritables enjeux et défis internes qui ne pouvaient être relevés sans la construction d'un pays démocratique.
C'est ainsi que le Koweït a été envahi en 1991 sans préalables, ni auprès de l'ONU ni auprès de la Ligue arabe, en dehors de toute légalité comme cela a été le cas pour l'Irak. Ce qu'il faut relever et, c'est l'une des interrogations évidentes, c'est que cette stratégie a permis au USA de s'installer durablement dans la région, au pouvoir irakien de perdurer encore pour une autre décennie.
Je tenais à souligner que les dirigeants irakiens ne sont pas exempts de tous reproches, car ils avaient la possibilité de faire l'économie de toutes ses stratégies surannées qui n'ont pas permis à leur pays d'émerger.
En choisissant comme leurs prédécesseurs et arabes contemporains de se comporter en souverains détenant la propriété sur l'Irak, de considérer le peuple comme leur sujet avec aucun droit de cité, il ne saurait être question de faire l'impasse sur le fait que les dirigeants de ce pays frère se souciant peu du sacerdoce dont ils ont la noble tâche d'assumer. Sinon, comment expliquer que depuis plus d'une trentaine d'années, le parti unique a régné sans partage, en maître absolu et, tout récemment, il aurait pu faire avorter les stratégies des USA, en organisant des élections institutionnelles pour une transition qui, à terme, aurait fait évoluer le pays vers une démocratie. Au lieu de cela, pour des intérêts bassement personnels, la politique du pire a été privilégiée au détriment du peuple et des enfants d'Irak. Cela précisé, il nous faut condamner sans équivoque et énergiquement cette agression/occupation, car il ne saurait être question de se substituer aux Irakiens à qui il appartient de régler leurs problèmes internes. Maintenant, pour en revenir aux impératifs de la coalition, en particulier ceux des américains à l'origine de cette invasion de l'Irak, je dirais qu'ils répondent à des objectifs convergents, au seul profit des Etats-Unis d'Amérique, d'Israël et accessoirement de la Grande-Bretagne. Ces «commandements» seraient d'une dimension stratégique déterminante à moyen et long termes, ce qui pourrait expliquer à mon avis pourquoi les USA n'ont pas hésité à fragiliser l'ordre établi à l'échelle du monde, bousculant et humiliant ONU et alliés, y compris ceux de l'OTAN. L'un des premiers objectifs de cette évasion de l'Irak, rendu possible par la mer et le Koweït au sud et, à partir du Nord quoi que l'on dise, avec l'assistance de l'OTAN via la Turquie et le concours des Kurdes, rentre dans le plan qui vise à s'assurer une mainmise sur l'essentiel des ressources en hydrocarbures au niveau de toutes les régions du monde, de telle sorte que les USA puissent en disposer en toute latitude et en user pour les besoins de leur gestion politique et économique, dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation des échanges. Pour en juger, il suffit tout simplement de relever au travers de simples constats, la présence des multinationales américaines au sein des pays producteurs d'hydrocarbures qui, selon le cas, sont contrôlés totalement ou partiellement, directement ou indirectement, à travers des pays relais comme en Libye via la Corée du sud. Les sociétés majors américaines ont des intérêts dans ce domaine dans tous les pays de l'Opep, où ils dominent en matière d'investissements étrangers dans ce secteur d'activité et en dehors comme en Union soviétique ou en mer du Nord, et bien sûr en Algérie. Dans une région comme le Moyen-Orient, qui recèle environ 65% des réserves de la planète en hydrocarbures et où la consommation n'est que de l'ordre de 6%, les USA se devaient de s'assurer une présence et un contrôle sans faille sur le long terme de ces ressources, y compris pour la mer Caspienne, l'Irak, l'Iran mais également les pays comme le Turkménistan et l'Azerbaïdjan avec son immense potentiel de Bakou (les dernières élections présidentielles ont bien reconduit comme prévu le système en place contrôlé par les majors pétroliers principalement américains). (A suivre )


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