Le chef de l'AIS, Madani Mezrag, a justifié l'assassinat de Abdelhak Benhamouda en affirmant sur les colonnes d'El Khabar El Ousboui que « s'il a été assassiné c'est parce que lui-même assassinait ». Mezrag accuse même le défunt d'avoir été « l'un des responsables de la crise sécuritaire que le pays a vécue ». Invité au Forum du journal El Khabar El Ousboui, le chef de l'Armée islamique du salut dissoute ira jusqu'à qualifier « le comité de sauvegarde de l'Algérie créé par Benhamouda de « comité qui a transformé le pays en décombres ». Dans les propos de Mezrag, qui infligent une seconde mort à Benhamouda, il est souligné que la marche de 1993 contre le terrorisme à laquelle avait appelé le défunt Benhamouda « a contribué à aggraver la situation et permis à ceux qui se tapissaient dans l'ombre de bouger et de commettre leurs forfaits ». L'ex-émir assène : « Benhamouda avait pris les armes et combattait lui aussi. C'est d'ailleurs la raison qui a mené à sa mort », déclare-t-il en ajoutant : « Je suis contre l'assassinat des personnes désarmées. Quant à celles qui sont armées, elles assument leur responsabilité. » Devant l'étonnement des journalistes d'El Khabar El Ousboui, le même Mezrag affirme : « Ils tuaient et jetaient les cadavres dans les rues. » Ainsi, alors qu'il est interdit par la force de la loi aux victimes du terrorisme de poursuivre leurs bourreaux, qu'il est interdit même d'évoquer toutes les exactions commises durant une décennie de sang, et qu'il est aussi interdit de poser des questions sur ce qui est arrivé durant cette guerre, un chef de guerre a toute latitude et liberté de parler des victimes et plus encore de justifier leur assassinat. En ces temps de campagne électorale où l'amnistie générale est miroitée, la mémoire d'une victime du terrorisme est écorchée. Madani Mezrag exige même l'accomplissement du processus de réconciliation nationale. Evoquant, entre autres questions, la charte portant paix et réconciliation nationale, le chef de l'Ais indiquera : « Nous avons donné un chèque en blanc à Bouteflika et il nous a traités comme des animaux. Nous avons le droit de vivre et de respirer mais pas celui de pratiquer la politique. » Ajoutant qu'aujourd'hui l'accomplissement du processus de réconciliation s'avère une obligation puisque, dit-il, « les tenants du pouvoir, qu'ils soient politiques ou militaires, savent que l'ingérence étrangère est devenue aussi aisée que de boire un verre d'eau, comme ce fut le cas au Soudan ». Et de préciser que « si l'Etat ne complète pas ce processus, des parties pourraient rassembler des preuves et constituer des dossiers solides pour intenter des procès dans les tribunaux étrangers ; ce qui mettra l'Algérie dans une position inconfortable. Ce n'est plus qu'une question de temps », atteste-t-il. Et d'assurer : « Je ne crois pas que Bouteflika ait réussi à écarter l'armée de la chose politique. »