Dès le matin, le centre-ville de Médéa a été complément quadrillé et mis sous haute surveillance. La large avenue Msalah menant vers le chef-lieu de wilaya était carrément interdite aux automobiles. Seules les troupes folkloriques et les personnes ramenées de différents coins de la région pour accueillir le président candidat étaient autorisées à arpenter cette artère. De notre envoyée spéciale à Medéa Mais Bouteflika n'arriva malheureusement qu'aux environs de 10h30. Il s'est offert, évidemment, un bain de foule avant de rejoindre le lycée Abdelkrim Fekhar, où il prononcera un discours devant un auditoire trié sur le volet. Au quatorzième jour de la campagne électorale et après deux mandats successifs, Bouteflika avoue aux Algériens qu'il rencontre des difficultés à résoudre les problèmes liés à la bureaucratie qui gangrène l'administration algérienne. Il a invité la société algérienne à dénoncer la corruption. Ces dossiers négatifs qui noircissent chaque jour le tableau Algérie ont poussé Bouteflika à enchaîner sur un sujet qui lui est cher et qu'il n'envisage pas de sceller de sitôt, à savoir la réconciliation nationale. « La lutte contre la drogue et la corruption demeure aussi importante que la poursuite et la consolidation de la réconciliation nationale et la paix », a-t-il expliqué. Considérant que la paix est nécessaire au développement de l'Algérie, Bouteflika compte poursuivre ce processus qui est sa première priorité, et ce, quel que soit le prix à payer. « Le processus de réconciliation nationale sera amélioré, conformément à la loi et à la Constitution », a-t-il répliqué. Depuis cette wilaya, considérée comme l'une des régions les plus touchées par la violence terroriste durant la décennie 1990, Bouteflika s'est incliné devant les victimes et a regretté les nombreuses pertes en vies humaines. En frappant fort sur le pupitre, il a relevé que la corruption, la drogue et le marché parallèle alimentent et financent essentiellement le terrorisme. Pour lui, il s'agit du financement d'une forme d'Islam, étrangère à notre croyance et à nos traditions. Le président candidat est persuadé qu'aujourd'hui l'Algérie s'est ressaisie et est en mesure de prendre un nouveau départ. Tout en demandant aux citoyens de faire preuve de persuasion et de ne pas confondre entre l'Islam et le terrorisme, l'orateur a fait observer que l'Islam en Algérie n'est pas importé mais est et demeurera attaché à l'Islam de Okba Ibnou Nafaâ. « Je vous demande de retrousser les manches et de faire montre de vigilance, de fidélité et de nationalisme, tout en pansant les plaies du terrorisme. » Concernant les victimes du terrorisme, le conférencier promet que leurs dossiers seront étudiés. Bouteflika a renouvelé son appel aux Algériens de se présenter en « masse » aux urnes « quels que soient leur choix ». « Ne laissez pas les ennemis de l'Algérie dire que les Algériens ne s'intéressent pas à ce qui se passe dans leur pays. Faites-le pour l'Algérie et non pas pour moi », a-t-il recommandé.