Jeu de hasard ? Oui mais... La SCPH, société des courses, qui gère l'argent des paris et en redistribue une partie aux gagnants bien sûr et à l'Etat, mais aussi aux jumenteries, écuries et à la fédération des sports équestres, est le moteur de toute l'affaire. En amont, il y aurait près de 15000 joueurs à Alger, turfistes passionnés qui vont jouer sur le Caroubier en dépensant en moyenne 1000 à 2000 DA par semaine, ce qui ferait une moyenne de 30 millions de dinars hebdomadaires. Ces sommes d'argent sont gérées par la société des courses, qui a très bien compris que sans joueur à la base, il n'y a plus rien. « Les gains ne sont pas énormes pourtant », explique Ali, preneur de paris dans les bars et cafés d'Alger, même si cette semaine, le quinté de Zemmouri a rapporté 67000 DA au gagnant, qui a préféré garder l'anonymat. Résultat des courses : des Algériens, accrocs au jeu et au gain, préfèrent miser directement sur des courses françaises. Mais si au Maroc ou en Tunisie on peut jouer sur les courses en France, le système n'est pas opérationnel en Algérie, même s'il l'a été dans les années 1970. Nationalisme algérien oblige, chacun ses courses. Sauf que dans certains endroits, on prend les paris en direct sur la France. Rien d'officiel, que du parallèle. Comme à Es Senia, sur l'hippodrome d'Oran, où Mokrane Tayer faisait ça avec son téléphone portable. Un compte en France, un code téléphonique pour gérer ses comptes, des paris en direct et en dinars, avec 20% de commission sur les gains. Avec une mise de 1000 DA, on peut gagner 1000 euros, que l'on peut toucher sur place, en dinars. Ce grand amoureux du turf et des chevaux est mort il y a deux ans, terrassé par une crise cardiaque, lors de son footing régulier qu'il faisait sur la piste de chevaux d'Es Senia. Son propre cheval, Fouad, grand gagnant de courses sur le territoire national, est mort lui aussi trois jours après la mort de son propriétaire, sur la même piste, d'une même crise cardiaque. Grande histoire d'amour entre l'Algérien et le cheval. Les paris parallèles continuent aujourd'hui, mais il ne faut pas le dire tant que ses opérateurs sont vivants.