Les nostalgiques des atmosphères folkloriques et flagorneuses auront été bien servis. La ville est une immense foire cacophonique. Les Constantinois continuent de vaquer, avec flegme, aux besoins de leur quotidien, s'intéressant plus aux vendeurs à la criée qu'aux rimes laudatives, enrobées dans un vacarme pseudo-musical, à réveiller toutes les névralgies, selon certains habitants du centre-ville. Tout cela dûment commandé à la gloire, laisse-t-on dire, du calife, tant la démesure et la frénésie de l'encensoir, ayant éclipsé toute raison, nous replace dans l'air du temps, et d'aucuns s'en souviennent... La campagne électorale, qui n'est pas vécue par l'homme de la rue comme un évènement particulier, est caractérisée par la morosité et l'ennui du déjà servi. Le portrait du Président-candidat figure, en exclusivité, sur la quasi-totalité des panneaux d'affichage. Tous les murs des grandes artères sont couverts de ses portraits. C'est un tapissage de papier peint en règle ! Le badigeonnage anarchique des bordures de trottoirs et autres frontons, se poursuit à une folle cadence, en vue d'une certaine visite, bien officielle celle-là. Les autres candidats sont absents du champ visuel, hormis Touati, et à moindre degré, Louisa Hanoune. Contrairement aux autres postulants à la présidence, Djahid Younsi mis à part, Bouteflika a eu droit à des permanences et une direction de campagne. Tous les autres ont soigneusement évité le Vieux Rocher. L'on a également eu droit au défilé incessant des ministres d'Etat, à leur tête Ouyahia, qui ont tenu des meetings au bénéfice du président-candidat sous couvert de travail de proximité. Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et la Promotion de l'investissement est venu 48 heures avant la visite de Bouteflika pour mobiliser les chefs d'entreprises et s'assurer de leur soutien à ce dernier.Le clou de ce scénario thuriféraire aura été, sans conteste, l'écran géant, installé par une entreprise algéroise, sous l'œil vigilant du wali et du P/APC de Constantine, qui diffuse, en boucle, et à satiété, les images du parcours du Président-candidat. Et la foule lève la tête, mais s'arrête rarement !