Un des plus beaux métiers qui soient est celui d'interprète, puisqu'il a comme premier objet le rapprochement des hommes. Aujourd'hui, pas davantage qu'à l'aube des temps modernes, on ne s'improvise pas interprète ou traducteur. C'est une fonction qui requiert une formation assez soutenue. Cette mission est dévolue chez nous à Mme Meriem Bedjaoui qui est chargée depuis 1999 de diriger le département interprétariat-traduction de la Faculté d'Alger. Cependant, tant les moyens matériels qu'humains sont en total inadéquation avec le nombre très élevé d'étudiants en formation dans cette branche. Aussi, cette formation, qui est élitiste à travers le monde, les grandes écoles d'interprétariat incluses, est massive chez nous et c'est le grand souci de Mme Bejdaoui. Elle répond à nos questions. Le retour à l'enseignement du français dans les écoles primaires a permis l'ouverture de milliers de postes aux diplômés d'interprétariat-traduction. Quelle appréciation donnez-vous à ce nouveau débouché ? Effectivement, c'est une bonne nouvelle et les premiers satisfaits de cette décision restent bien entendu les étudiants puisque près de 900 sont formés chaque année. Néanmoins, leur formation devrait être complétée par un stage d'application afin qu'ils puissent être réellement rentables et efficaces pour répondre parfaitement à leur mission pédagogique. L'Algérie s'ouvre désormais au monde par son commerce, son économie et sa diplomatie, est-ce un bon présage pour votre département ? L'ouverture sur le monde extérieur n'est possible qu'avec le développement des langues étrangères notamment l'interprétariat et la traduction sur lesquels reposent l'intercompréhension. Incontestablement, c'est un bon présage pour notre département mais il reste beaucoup d'efforts à faire sur le plan de la qualité. Sachez, qu'aucun département ou école d'interprétariat-traduction à travers le monde ne forme autant d'étudiants que chez nous. Toutes les écoles renommées avec en un cadrement de qualité et des moyens pédagogiques diversifiés tels les laboratoires de langues, les méthodes audiovisuelles ainsi que les stages pratiques, n'acceptent d'effectifs dépassant 15 à 20 étudiants par promotion. Or, chez nous, nous recevons des étudiants qui arrivent avec des niveaux de langue et de culture très faibles. Ils sont pris en charge, par la force des choses, par des enseignants vacataires non qualifiés. Il y a, donc, lieu de constater que notre département souffre énormément du manque d'enseignants. Il faudrait, toutefois, pour prétendre à une formation de choix digne des échanges internationaux, réduire les effectifs, réinstaurer le concours, rendre obligatoire le stage pratique et revaloriser la mission des enseignants. Au vu de la multiplication de la présence chinoise dans plusieurs secteurs d'activité dans notre pays, n'envisagez-vous pas l'ouverture d'une section de langue chinoise ? Il est vrai qu'on y a déjà pensé et parmi les objectifs de l'université d'Alger nous avons inscrit le développement de l'enseignement de la traduction dans des combinaisons qui n'existaient pas auparavant, à savoir arabe-chinois, arabe-coréen, arabe-turc et arabe-italien. Remarquez que nous avons choisi les langues des nouveaux partenaires privilégiés de l'Algérie. Cela est nécessaire, car l'échange économique ne saurait aboutir convenablement sans le support linguistique. Prochainement, de nouveaux bacheliers de toutes séries auront à s'inscrire dans votre département. Ne pensez-vous pas que les langues doivent avoir un pré-requis pour être étudiées ? C'est évident et nous ne cessons d'exiger chaque année de la tutelle une sélection. Il ne pourrait y avoir de bons interprètes ou traducteurs sans une parfaite maîtrise des langues et de leur culture. Les critères d'orientation devraient être beaucoup plus rigoureux