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Que vaut le diplôme d'interprète ?
Mise à niveau pour l'emploi
Publié dans Liberté le 09 - 04 - 2008

L'éminent interprète traducteur Mahmoud Tobji estime qu'il est quasiment impossible d'évoquer à présent des traducteurs performants et employables dans les conditions actuelles de formation. D'où la nécessité de replacer très haut la barre des conditions d'accès pour les futurs étudiants au département d'interprétariat.
L'employabilité des traducteurs interprètes, les nouveaux outils d'aide à la translation, l'apport de la technologie aux langues étrangères appliquées, sont autant de thèmes retenus pour les journées d'études que compte organiser le département d'Interprétariat et de Traduction de l'université d'Alger les 12 et 13 mai prochain, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger. Ces journées d'étude sont ouvertes aux professionnels, universitaires et au grand public. Elles offrent une opportunité pour réfléchir, à partir de l'expérience acquise à travers le modèle de l'école, en passant du statut d'institut, à présent département de traduction, aux solutions susceptibles de former des traducteurs performants et employables sur le marché du travail.
Le thème est intimement lié à l'environnement actuel du pays dont le besoin pour ces professionnels va, ces dernières années, crescendo. Rien qu'à consulter les placards publicitaires publiés par la presse nationale, sur les recrutements d'interprète traducteur, indépendamment de la combinaison linguistique, l'on saisit promptement l'utilité et la demande que suscite ce métier pour le marché national désormais ouvert à l'investissement étranger. Pour preuve, les contrats économiques de partenariat signés se multiplient dans différentes branches industrielles d'année en année, et ce, sans évoquer le marché de l'édition qui est en nette prospérité, exprime pour sa part un besoin pressant à de tels professionnels.
Cependant, l'offre des départements de traduction reste en deçà de la demande exprimée par le marché. Certains employeurs évoquent même la difficulté à dénicher un interprète traducteur performant et apte à assurer des travaux de version ou de thème. Dans l'entourage immédiat des départements de langues, l'on attribue cet état de faits à un phénomène de reconversion des interprètes vers d'autres métiers.
À la fin du cursus, les étudiants traducteurs rompent leur métier de base, pour adopter des carrières d'enseignant, d'administrateur et autres. Un éminent traducteur interprète et enseignant à l'université d'Alger, M. Mahmoud Tobji, soutient que le problème de l'abandon du métier de traducteur a pris de l'ampleur ces derniers temps au point d'atteindre les 90% parmi les diplômés en interprétariat. Pourquoi ce renoncement à ce métier, sous d'autres cieux, considéré comme noble ? L'interprète Tobji développe, sans détour, un argumentaire pédagogique lié au profil des étudiants inscrits au département “je crois qu'il y a une rupture de cursus entre celui de l'ancienne et de la nouvelle générations. Il faut avouer que le niveau actuel des langues et de la culture générale des étudiants en formation est loin d'être acceptable. La faiblesse est criante dans le domaine linguistique. Ajouter à cela la pléthore d'effectifs dans les amphithéâtres. Comment vous voulez enseigner et suivre convenablement la formation de 60 étudiants à la fois ?”.
Cet interprète germanophone a laissé entendre qu'il est quasiment impossible d'évoquer à présent des traducteurs performants et employables dans de telles conditions de formation. D'où la nécessité de replacer très haut la barre d'inscription pour les futurs étudiants du département d'interprétariat. “Il est grand temps de revoir les conditions d'accès à l'Institut de traduction, revoir la méthode, introduire la “traductique”. Introduire d'autres modules de culture générale et de nouvelles techniques de translation”, dira-t-il. La déclaration de Tobji sonne le glas de la qualité de formation prodiguée jusque-là par l'université algérienne.
Mme Ferchouli Fatma-Zohra, chef du département de traduction d'Alger n'est pas allée par quatre chemins pour conforter l'argumentaire de M. Tobji, en laissant entendre que les journées d'études prévues viennent à la rescousse de la formation de translater. “Ces journées présentent une opportunité à saisir pour réfléchir aux meilleurs moyens et façons de former des traducteurs. Des interprètes universitaires vont venir des écoles anglosaxones, belges, libanais et présenteront leur expérience qui va inéluctablement nous servir à enrichir notre cursus”, déclare Mme Ferchouli, chef de département.
En effet, Mme Merakchi qui fait partie du comité d'organisation de ces journées d'étude a confié que d'éminents interprètes universitaires ont confirmé leur participation, à l'instar de M. Michel Ballard de l'école française, ou encore le professeur Rogers de Grande-Bretagne et même des professeurs libanais, belges.
Le débat entre les professionnels et universitaires sur l'enseignement de cette filière très sollicitée sur le marché du travail seront incontestablement profitables aux pédagogues et aux professionnels pour repenser le système de formation de traducteurs, en faisant un état des lieux général de cette filière. Les tables rondes prévues à cet effet participeront au redéploiement scientifique de cette discipline en tenant compte des paramètres induits par la mondialisation. L'enseignement des modules prodigués jusque-là suffit-il à garantir une formation idoine, telle qu'exigée par le marché ? Les lacunes se situent-elles dans la langue de départ ou d'arrivée ?
Le déficit est-il lié à la traduction thème ou version ? Ou dans les deux en même temps.
Les techniques de passage d'une langue à une autre ont-elles changé à la lumière des mutations et des soubresauts engendrés par la mondialisation ? Faut-il continuer à se contenter uniquement des cours de la linguistique, de la traductologie, des généralités de droit, et d'économie pour assurer un bon niveau au traducteur généraliste, sans juger utile d'introduire d'autres théories ?
Les traducteurs interprètes professionnels, les enseignants de la traductologie, les chercheurs en langues étrangères appliquées et les formateurs de la translation vous donnent rendez-vous les 12 et 13 mai, pour apporter des réponses à ses questionnements et introduire des améliorations au système de formation de translater.
Hanafi H.


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