Pour s'improviser commerçant, il suffit d'avoir un local et de se munir d'un registre de commerce. Nul besoin d'être spécialiste en la matière. Des citoyens, poussés par le chômage, ont aménagé une ou deux pièces du logis familial en local commercial. Ces exemples sont légion. Aïn Fakroun, Aïn M'lila, Meskiana, Aïn Beïda et même les autres villes ont vu proliférer, pour ne pas dire fleurir, toutes sortes de commerces. Du jour au lendemain, quiconque peut se targuer d'être libraire, bonnetier, épicier, quincaillier ou même bijoutier. Mais, le commerce qui a la cote est sans doute celui du prêt-à-porter, dont Aïn Fakroun est le porte-drapeau. C'est cette ville qui tient le haut du pavé grâce à une prodigieuse ascension dans le commerce des fringues. Des centaines de boutiques se bousculent à qui mieux mieux tout le long de la rue de Aïn M'lila. « Ici, on trouve de tout, sauf le père ou la mère », lance un jeune, venu s'approvisionner en vêtements. Vente en gros ou au détail, chacun y trouve son compte. Les familles viennent habiller de pied en cap la nombreuse marmaille, alors que les commerçants des autres localités discutent les prix pratiqués pour la vente en gros. Les gens vont et viennent à la recherche d'habits bon marché. D'ailleurs, ici, tout presque vient de la lointaine Chine, dans des containers. Aïn Fakroun est, de la sorte, la capitale du prêt-à-porter à moindres frais. Mais comme dit l'adage, tout ce qui brille n'est pas or. Le produit chinois est comparé à celui européen, bas de gamme, donc de piètre qualité.A 36 km et au sud-ouest, se trouve Aïn M'lila avec ses nombreuses spécialités. Cette dernière accapare le commerce de la pièce détachée pour n'importe quel véhicule. L'on se rue de toutes parts à la recherche d'une pièce ou d'un accessoire pour voiture, camion, tracteur… Les vendeurs proposent des pièces d'origine ou d'autres, « imitées », appelées dans le jargon « Taïwan ». Bien sûr, les pièces d'origine sont de loin les meilleures, et par conséquent fiables et sûres. A côté du commerce de pièces, Aïn M'lila se spécialise aussi dans celui de l'électronique : démodulateurs, télévisions, postes-cassettes… Plusieurs personnes ont été appréhendées par les services de police et de gendarmerie au cours des mois précédents. Mais cela dissuadera-t-il les dealers de poursuivre leur œuvre destructrice des esprits ? D'autant que la jeunesse, faute d'un cadre culturel et scientifique jouant le rôle de garde-fou, s'en trouve fragilisée et donc influençable à merci. Ceci sans oublier les mauvaises fréquentations et les tentations de toutes sortes qui influent négativement sur l'esprit des jeunes, désoeuvrés et sans projets d'avenir. « C'est normal que les jeunes basculent et tombent dans les rets de la délinquance », dira un citoyen. Tandis que certains parviennent à amasser des richesses incommensurables, d'autres tirent le diable par la queue pour subvenir aux besoins de leur progéniture. Si pour Aïn M'lila, Aïn Fakroun, Aïn Beïda et Oum El Bouaghi, le foisonnement d'un commerce de même type (comme les vêtements, la chaussure ou les meubles...) s'avère profitable, puisqu'il provoque une saine concurrence, il n'en est pas de même pour les villes de moindre envergure où les gens ne savent s'investir que dans l'épicerie et l'alimentation générale. L'on en voit tant et si bien que dans certaines villes, l'on se demande qui en vend à qui. Meskiana, bien que considérée comme ville moyenne, dispose d'un nombre effarant d'épiceries. Certaines rues comptent jusqu'à 10 de ces commerces. L'on se demande aussi pourquoi certaines maisons disposent de deux ou trois garages où aucune activité n'est exercée. Autant dire que les citoyens ont dépensé un argent fou pour rien. Que dire aussi de la prolifération des cafés, des pizzerias et autres fast-foods ? En parallèle, le secteur industriel se ratatine comme une peau de chagrin, pour ne pas dire qu'il agonise. L'industrie c'est le secteur qui a perdu toute sa sève, après de gros et irrémédiables dégraissements des effectifs.Pour son salut, il faudrait que s'impliquent de vrais investisseurs, d'autant que la wilaya dispose de deux zones industrielles, l'une à Aïn M'lila et l'autre à Aïn Beïda, en plus des 21 zones d'activité et de dépôt (ZAD), disséminées à travers les autres communes. Avec de telles potentialités, et à condition qu'elles soient judicieusement exploitées, la wilaya peut espérer un réel décollage économique.