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L'organisation et l'implantation de commerces s'imposent à Aïn Defla
Les cahiers des charges réglementant l'activité commerciale
Publié dans La Tribune le 11 - 03 - 2009


Photo : S. Zoheïr
De notre correspondant à Aïn Defla
Madani Azzeddine
L'activité commerciale dans toute ville doit obéir à des règles qui lui assurent une bonne localisation dans le tissu urbain ainsi qu'une répartition adéquate de chaque activité. Les urbanistes et aménagistes sont conscients que, lors de l'établissement du plan d'une ville, toutes les fonctions urbaines doivent être prises en compte. Si la fonction d'habitat a des normes dans un espace défini, la fonction administrative repose aussi sur des normes et des théories qui l'organisent.
Des règles théoriques
Pour ce qui est de la fonction commerciale nécessaire pour la mise en place et le fonctionnement d'une ville, sa localisation obéit également à des règles bien précises.
Généralement, elle est définie lors de la réalisation d'un plan d'une ville, d'un ensemble urbain ou d'un lotissement par l'élaboration d'un cahier des charges,lequel autorise ou non certaines activités. Ce plan précise également la nature de la typologie et de l'esthétique extérieure.
A travers cela, on peut conclure que du côté urbanistique les règles existent, et d'autres secteurs disposent aussi de leurs propres normes pour organiser leurs activités. Ces normes prennent en compte plusieurs paramètres concernant l'utilité de l'implantation, les nuisances par rapport à l'entourage et la mobilité de la population. Ces dernières années, il est devenu visible que les fonctions urbaines ne sont plus respectées dans de nombreuses villes d'autant plus qu'on continue de voir la fonction urbaine se conjuguer avec celle d'habitation, car chaque nouvelle habitation construite est dotée d'un local commercial. L'implantation des marchés, quant à elle, est loin d'obéir aux normes urbanistiques.
Au niveau de la wilaya de Aïn Defla, le constat est identique d'autant plus qu'on voit des commerces pousser ici et là, défigurant l'image des villes. La cité préfabriquée située dans la partie ouest est un exemple de cette anarchie qui règne puisque ce lotissement, qui était auparavant un ensemble d'habitations doté de quelques ruelles pour la circulation, s'est vite transformé en un vrai marché qu'on appelle maintenant le «Dubaï de Aïn Defla», où des commerçants ont imposé leurs propres normes et lois. On trouve tous les genres d'activité commerciale, de l'alimentation générale aux effets vestimentaires en passant par les pizzerias.
Dans cet endroit, il est difficile de se déplacer par véhicule à cause de la présence de nombreux piétons habitués à faire des virées dans ce nouveau marché. A partir de 16 h, c'est le pic et même les piétons éprouvent des difficultés pour se déplacer. Par ailleurs, d'autres quartiers auparavant connus pour leur calme à cause de l'absence de commerces se sont transformés en lieux de shopping. De plus, les commerçants actuellement ne donnent plus d'importance à leur localisation.
Ils ouvrent des commerces dans des endroits comptant de nombreux concurrents au point qu'on peut dire maintenant qu'il existe une spécialisation des ruelles dans l'activité commerciale.
Une concurrence mitoyenne
A titre d'exemple, les coiffeurs dans le chef-lieu de wilaya ont pris place dans la ruelle située à l'est du siège de la banque BDL. C'est tellement bizarre que de nombreux citoyens se sont interrogés sur cette implantation qui réduit sûrement leur activité.
Ici, le coiffeur le plus connu (Sallal), qui s'est installé dans cette ruelle depuis longtemps, s'en est étonné et a vite transféré son local ailleurs d'autant plus qu'il arrive à conserver sa clientèle.
En somme, cette situation est apparue suite à la non-application des orientations figurant dans les cahiers des charges de chaque ensemble urbain ou lotissement et l'absence de collaboration entre le service du registre du commerce et les services de l'urbanisme.
Selon de nombreux spécialistes du domaine, si cette relation existait aucun registre du commerce ne serait délivré sans l'avis des services techniques, lesquels reviennent aux cahiers des charges pour voir si l'activité commerciale demandée est autorisée ou non.
Le manque de culture sur l'étude de marché avant l'ouverture de toute activité commerciale continue d'influer sur la rentabilité de nombreux commerçants.
Kamel, un jeune qui a ouvert un restaurant dans une ruelle adjacente à des administrations, est arrivé à développer une grande clientèle, le choix du lieu ayant été bien étudié selon lui.
Notre interlocuteur trouve aussi que de nombreux jeunes n'étudient pas le marché pour voir quelles sont leurs chances de rentabiliser leurs activités. «C'est à cause de l'absence des études de marché que de nombreux jeunes changent rapidement d'activité», a ajouté notre source. Ce jeune commerçant pense également que parfois ce sont les impôts et les taxes élevés qui poussent des commerçants à fermer définitivement et d'autres à changer d'activité. Cette situation met beaucoup de commerçants dans des positions délicates d'autant plus que certains n'arrivent pas à mettre fin à leur activité commerciale à cause des dettes qu'ils accumulent auprès des services des impôts, de la CNAS et de la CASNOS. Kader est un commerçant qu'on a rencontré dans son magasin presque vide. Interrogé, il a justifié qu'il n'arrive pas à travailler convenablement à cause d'un manque d'argent et des dettes envers les différentes caisses et des impôts. D'après lui, cesser l'activité n'est pas possible puisqu'il doit payer ses dettes aux impôts et épurer son extrait de rôle pour procéder à la radiation de son registre du commerce. Comme il ne dispose pas d'argent pour le faire, Kader préfère rester là dans son magasin sans rien faire en attendant de trouver une issue à son problème qui bouleverse sa vie.De nombreux commerçants sont dans la même situation que lui. Devant l'impossibilité de fermer leurs commerces pour les mêmes raisons, ils changent d'activité dans le but de trouver peut-être une rentabilité ailleurs.
L'organisation tant souhaitée
Certains commerçants souhaitent la mise en place de dispositifs facilitant la fermeture et la radiation des registres du commerce et pouvant prendre en compte l'effacement des dettes pour ceux qui préfèrent cesser définitivement leur activité en s'engageant à ne jamais s'inscrire au registre du commerce. Selon ces mêmes sources, cela permettra d'assainir l'activité commerciale et d'offrir ainsi à ceux en activité de grandes chances de réussir après l'élimination de la concurrence.


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