La Corée du Nord a échoué à faire la preuve de ses capacités en matière de technologie balistique à la lumière du lancement de sa fusée, jugé globalement peu concluant lundi par des experts. Malgré les mises en garde de la communauté internationale, la Corée du Nord a lancé dimanche une fusée un missile Taepodong-2 à trois étages d'une portée estimée à 6700 km qu'elle a présentée comme un simple lanceur de satellite. Pyongyang a ensuite affirmé avoir placé en orbite un satellite de télécommunications, Kwangmyongsong-2, une prétention démentie par les Etats-Unis et le Japon selon lesquels tous les étages s'étaient abîmés en mer. « C'est un échec », a affirmé Joseph Bermudez, expert auprès du groupe britannique d'informations sur la Défense, Jane's. « Cela indiquerait que la Corée du Nord n'a pu faire la démonstration de la fiabilité de son système de lanceur, utilisé soit comme un missile balistique à longue portée (ICBM), soit comme un lanceur de satellite », a-t-il ajouté. Pour Daniel Pinkston, de l'International Crisis Group (ICG), « le lanceur nord-coréen a connu un problème de séparation entre ses deuxième et troisième étages », justifiant l'évocation d'un échec. Pour M. Bermudez, ce lancement constitue même un pas en arrière par rapport au lancement en août 1998 d'un Taepodong-1. Ce missile longue portée avait survolé une partie du Japon avant de s'abîmer dans le Pacifique. Le dernier étage de la fusée avait alors apparemment explosé avant de pouvoir placer un petit satellite en orbite, selon M. Pinkston. En 2006, un essai de missile Taepodong-2 n'avait duré que 40 secondes, avant une explosion en vol. L'essai, vraisemblablement peu concluant de dimanche, entame la crédibilité d'une Corée du Nord qui prétend à l'envi pouvoir déverser des « déluges de feu » sur une cible éloignée, tacitement américaine. « Ce troisième échec depuis 1998, pour mettre au point un missile intercontinental, montre que Pyongyang peut difficilement aller plus loin dans ce domaine en utilisant la technologie des Scud héritée de l'ex-Union soviétique », a estimé sur CNN Joseph Cirincione, un expert nucléaire.