La Corée du Nord a procédé ce dimanche au lancement controversé d'une fusée longue portée, au grand dam de la communauté internationale. Le lancement de la fusée qui a survolé l'archipel japonais au mépris des avertissements d'une partie de la communauté internationale, a été confirmé par les autorités américaine, russe et japonaise. On ignorait cependant dans l'immédiat si le lanceur transportait ou non un satellite, comme le prétend Pyongyang. Le premier étage de la fusée "semble" être tombé en Mer du Japon et le deuxième dans l'océan Pacifique, selon le gouvernement japonais. La communauté internationale a vivement condamné le lancement d'une fusée, les Etats-Unis et le Japon demandant et obtenant une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, alors que la Chine et la Russie appelaient "à la retenue". La France estime que ce tire "menace la paix et la stabilité régionale". "La France condamne le lancement d'un engin qualifié de spatial par les autorités nord-coréennes", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "Ce lancement constitue une violation des obligations de Pyongyang au titre de la résolution 1718" du Conseil de sécurité de l'Onu qui enjoint la Corée du Nord à s'abstenir de tout essai nucléaire ou tir de missile balistique. "En concertation avec nos partenaires du Conseil de sécurité, nous étudions la réponse qui doit être apportée à cet acte qui menace la paix et la stabilité régionale", ajoute le communiqué qui appelle la Corée du Nord à "instaurer la confiance nécessaire à la reprise du dialogue". Le président américain Barack Obama a affirmé qu'il s'agissait d'un missile et qualifié le tir de "provocation". "Le lancement aujourd'hui d'un missile Taepodong-2 était une claire violation de la résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui interdit expressément à la Corée du Nord de mener des activités liées à des missiles balistiques", a-t-il dit depuis Prague où il doit participer à un sommet avec l'Union européenne (UE). Les Etats-Unis et le Japon, survolé pendant plusieurs minutes par la fusée, ont immédiatement appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, obtenant gain de cause. Selon un diplomate mexicain, dont le pays assure ce mois-ci la présidence du Conseil, ce dernier se réunira en effet en urgence dimanche après-midi. Le secrétaire général des Nations Unies, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, a "regretté" le lancement de la fusée qui "va à l'encontre des efforts pour promouvoir le dialogue, la paix régionale et la stabilité". Le Premier ministre japonais Taro Aso a dénoncé un "acte extrêmement provocateur". "Nous voulons traiter le problème nord-coréen en coopération avec la communauté internationale, y compris cette question qui est clairement une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il dit. Le porte-parole du gouvernement japonais, Takeo Kawamura, a indiqué qu'une protestation avait été transmise à l'ambassade deCorée du Nord à Pékin. L'autre allié de Washington dans la région, la Corée du Sud, a également dénoncé l'initiative de Pyongyang comme une "violation flagrante" de la résolution 1718 de l'ONU adoptée en 2006. La présidence tchèque de l'UE a "fermement" condamné le tir et "engagé instamment" la Corée du Nord à se conformer à la résolution de l'ONU. Même condamnation "ferme" du ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband. L'Australie a également fermement condamné le lancement nord-coréen, que son Premier ministre Kevin Rudd a jugé "provocateur" et en violation des résolutions de l'ONU. Deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine et la Russie, ont en revanche adopté des positions plus nuancées, s'abstenant de critiquer Pyongyang. Alliée et voisine de la Corée du Nord, la Chine a expliqué avoir "pris acte du fait que la Corée du Nord (avait) procédé à un lancement". "Nous espérons que les parties concernées feront preuve de calme et de retenue, pour gérer la situation de façon adéquate et maintenir la paix et la stabilité dans la région", a ajouté le ministère des Affaires étrangères. La Russie a également appelé à la retenue. "Nous cherchons à savoir s'il s'agit d'une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et appelons toutes les parties concernées à se garder de toute action qui pourrait entraîner une escalade des tensions dans la péninsule coréenne", a déclaré un responsable du ministère des Affaires étrangères. La Chine et la Russie sont engagées avec la Corée du Nord, la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon, dans une délicate négociation à six portant sur l'abandon par Pyongyang de ses armes et installations nucléaires. La Corée du Nord, de son côté, a assuré que son "programme spatial à des fins pacifiques" avait reçu le "soutien (de) partis politiques et groupes de nombreux pays étrangers", notamment des partis communistes d'autres pays, a indiqué l'agence de presse officielle KCNA.