Plusieurs centaines d'étudiants de l'université Abderahmane Mira de Béjaïa ont marché hier pour dire leur détermination à boycotter le rendez-vous du 9 avril prochain. La marche, organisée à l'appel de la coordination des comités de cité, a pris le départ du campus de Targa Ouzzemour pour arpenter la principale rue de la ville, en hissant des banderoles reprenant des slogans hostiles à la participation à l'élection. Béjaïa De notre bureau A cette occasion, les désormais fameux cartons rouges symbolisant, pour le FFS, le boycott et des étendards noirs, reprenant l'idée de deuil adoptée par le RCD, ont été brandis et hissés par les marcheurs, offrant là une rare séquence d'union entre les deux sigles rivaux. Des militants du PST, pour la plupart des enseignants à l'université, se sont joints à la marche. Un homme d'âge mûr, au milieu de la foule, a brandi un carton rouge pour crier à tue-tête, durant la marche, « batata achraa lef ! » (la patate à 100 DA). Le siège de la direction de campagne du candidat Bouteflika, situé sur l'itinéraire, a été une nouvelle fois un point de halte pour les protestataires, avec cette symbolique réitérée de poings rageurs et de cartons rouges agités en direction du portrait géant du Président. Les services de sécurité, anticipant sur une plus grande manifestation d'hostilité à l'égard de la permanence électorale, ont dressé un cordon de police qui a empêché les manifestants de trop s'en approcher. Un duel à distance a opposé les partisans de Bouteflika, qui ont, sur le moment, diffusé à pleine baffle un discours de leur champion, et des manifestants qui ne se sont privés de leur crier tout le bien qu'ils pensaient du « pouvoir assassin ». Des pierres ont même été lancées en direction des locaux, suscitant quelques remous dans la foule et un mouvement des éléments antiémeute dont le camion était stationné devant la permanence. Les policiers qui ont visiblement reçu instruction d'éviter toute réaction musclée et de se contenter de contenir les manifestants, se sont donc dressés seulement en obstacle physique devant les poussées répétées des étudiants. Une autre halte a été observée par les manifestants devant le siège de la wilaya, où l'on a hurlé à gorge déployée sa colère. Les marcheurs, après une autre halte mouvementée devant la direction de campagne bouclée, ont repris l'itinéraire en sens inverse et se sont dispersés dans le calme. Ils sont empêchés de marcher à Tizi Ouzou Un groupe d'étudiants affiliés au Comité estudiantin pour le droit à l'insoumission (CEDI), de l'université de Tizi Ouzou, a été empêché, hier matin, de regagner la ville d'Azazga (à 37 km à l'est du chef-lieu de wilaya), pour exprimer leur rejet de la consultation électorale. Ils se sont retrouvés face à un dispositif sécuritaire impressionnant (CRS) qui leur a interdit de franchir Oued Aïssi et de prendre la voie menant à Azazga. Ils ont été sommés de descendre des bus universitaires par les forces de l'ordre qui leur ont défendu de prendre d'autres moyens de transport pour regagner la ville, a-t-on appris des étudiants présents sur les lieux. Pourtant, l'action se voulait pacifique et son but n'est autre que d'exprimer une vision sur la prochaine échéance présidentielle, indique Mohand, étudiant en médecine, avant de lâcher : « De toute façon, le régime doit savoir que les forces vives de la nation sont insoumises et ne laisseront jamais sombrer les acquis démocratiques de nos aînés. La force de nos convictions est plus forte que la corruption et l'asservissement. » Par ailleurs, le conseil universitaire du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) a organisé dans la même journée un rassemblement devant l'ex-bibliothèque centrale de Hasnaoua pour dénoncer ce qu'ils nomment le « processus de normalisation politique de la Kabylie ». Les étudiants affiliés au MAK ont dénoncé le harcèlement judiciaire qu'est en train de subir Ferhat Mehenni, et appelé les étudiants à rejeter la prochaine présidentielle. D. T., M. S.