Le candidat indépendant à l'élection présidentielle, Mohamed Saïd, ne désespère pas de voir un jour son Parti justice et liberté dont la création a été annoncée en janvier dernier agréé. « Je pense qu'il n'est pas dans l'intérêt des pouvoirs publics de continuer dans cette démarche (le refus d'agrément de partis) », a-t-il estimé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au Centre international de presse (CIP). « Je vais agir dans le cadre strict de la loi, me défendre et défendre le droit à l'activité politique », a-t-il ajouté à ce propos. D'ailleurs, il compte dans ce cadre déposer dans 15 jours le dossier d'agrément de son parti auprès du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. A ses yeux, il est temps que le champ politique soit ouvert à « une relève politique ». Par ailleurs, Mohamed Saïd a fait le bilan de sa campagne. Il a estimé, à ce propos, qu'il a « réussi », en dépit des difficultés rencontrées sur le terrain. Mohamed Saïd dit avoir respecté son programme de campagne « sans rien y avoir changé » et cela, malgré des moyens limités qui ne lui ont pas permis « de mener des activités à l'étranger ». Mais il estime avoir atteint tous les objectifs qu'il s'était fixé pour la campagne. Mohamed Saïd ne se fait pas par ailleurs trop d'illusions sur l'issue du scrutin présidentiel qui aura lieu demain. Et pour cause, il dit être conscient que « les jeux son déjà faits ». « Quand je me suis lancé dans cette élection, mes idées étaient claires. Je savais que le futur président était connu à l'avance quand il y a eu l'amendement de la Constitution le 12 novembre 2008 », a-t-il expliqué. Et par conséquent, son entrée en lice en tant que candidat à cette élection est liée à son projet de créer un parti politique. Comprendre par là que sa participation au scrutin présidentiel lui aura surtout permis de jauger le terrain et, surtout, de se constituer une base. « C'est pour cela que je me suis porté candidat à l'élection », a-t-il affirmé. « Dans ce cadre, rappelle-t-il, le premier test était la collecte des signatures. » « Cet examen de passage a été un succès parce que j'ai recueilli 120 000 signatures. » Quant à ses pronostics concernant le taux de participation à l'élection de demain, Mohamed Saïd refuse de donner une quelconque estimation. D'après lui, « il est difficile de parier » en raison de « l'absence de discipline électorale ». Pour ma part, a-t-il avancé, « j'ai fait le maximum pour obtenir un très bon score qui me permettra d'avoir une meilleure assise populaire ». Mais, ajoute-t- il, « hélas, les scores en Algérie sont octroyés et ne reflètent pas la réalité de l'urne ». Il ajoutera : « La principale cause de la baisse du taux de participation dans toutes les élections organisées ces dernières années est la fermeture du champ politique et le verrouillage du champ médiatique depuis 1999. » Dans son bilan de campagne dans lequel il dit avoir retenu une quinzaine de « leçons », Mohamed Saïd estime que le peuple est conscient et n'est pas dupe. Et d'ajouter que celui-ci est victime du désespoir. Une telle donne pourrait, selon lui, influer sur l'issue de l'élection. Par ailleurs, « le peuple ne croit plus à la chose politique », estime-t-il encore. Mohamed Saïd n'a pas omis en outre de relever « le parti pris » de l'administration et « l'incapacité » de la Commission nationale politique de surveillance de l'élection présidentielle (CNPSEP) à assumer efficacement son rôle. Il a estimé que c'est une erreur aussi d'avoir empêché d'activer ceux qui appellent au boycott. Il faut signaler que Mohamed Saïd n'a pas manqué de saluer « la neutralité de l'armée et des services de sécurité » durant la compagne électorale. Il a toutefois accusé l'administration « de partialité en faveur de certains candidats ».