Sans détours, Mohamed Saïd, candidat libre à l'élection présidentielle, a reconnu ne pas se faire d'illusions quant aux résultats du scrutin du 9 avril. «L'amendement de la Constitution du 12 novembre dernier a bien désigné le futur président de la République. Je ne me fais pas d'illusions, et c'est avec une grande lucidité que j'ai décidé de participer à cette élection», a-t-il déclaré hier lors d'une conférence de presse animée au Centre international de presse (CIP). Pour ce candidat qui sait qu'il n'accèdera pas à El Mouradia, il y a au moins une satisfaction : «Après cette campagne électorale, je peux dire que mes objectifs sont atteints à 100%.» Cette satisfaction n'est pas des moindres puisque Mohamed Saïd avait annoncé, le 5 janvier dernier, son intention de créer un parti politique : «J'ai décidé de me porter candidat à la prochaine présidentielle pour faire connaître les idées de ma formation politique. Les signatures de parrainage collectées (120 000 dans 36 wilayas) ont été pour moi un test confirmant la capacité des cadres qui me soutiennent à créer un parti. De plus, cette élection présidentielle constitue pour moi une aubaine pour atteindre le maximum d'Algériens puisque c'est là une période d'ouverture médiatique qui ne se présentera que dans 5 ans.» Décidé donc à créer le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Mohamed Saïd a annoncé hier qu'il déposera les statuts dans les quinze prochains jours auprès du ministère de l'Intérieur. Questionné sur le risque de se voir refuser l'agrément à l'instar d'autres formations qui attendent toujours le leur, le candidat libre considère que «l'expérience a démontré que la fermeture des champs politique et médiatique a donné un résultat négatif sur le terrain. Le pouvoir se plaint de la faiblesse de la classe politique et il sait aujourd'hui qu'il est de son intérêt d'aller vers l'ouverture». «Nous avons une classe politique mais pas de relève. C'est la raison qui me pousse à agir car l'Algérie a besoin de sang neuf», ajoute-t-il. A la question de savoir s'il s'attend à une forte participation des citoyens, Mohamed Saïd ne veut pas faire de prédiction : «Nous n'avons pas encore, en Algérie, une discipline électorale, mais j'espère obtenir un bon score, ce qui me permettra d'avoir une bonne assisse pour mon parti.» Que signifie un bon score ? «Il est difficile de répondre, car les scores sont octroyés et ne reflètent pas tellement la réalité. Je ne peux pas savoir quel score me sera octroyé sans connaître ce qui est programmé pour les autres.» Mohamed Saïd, qui continue à considérer que la somme de 1,5 milliard de centimes octroyée à chaque candidat pour mener sa campagne électorale est insuffisante, a tenu à détailler ses dépenses devant la presse en réponse à une question : «Pour les pancartes (800 000) et les livrets de mon programme (100 000), le coût s'élève à 270 millions de centimes ; pour les permanences dans les wilayas, 5 à 25 millions de centimes ont été octroyés à chacune, soit, au total, 800 millions de centimes. J'ai affrété un avion pour un déplacement dans le Sud à 100 millions de centimes. La même somme a été dépensée pour la location de véhicules. Les frais d'hôtels et de restauration s'élèvent à 220 millions de centimes. A cela s'ajoutent d'autres frais, faites vos calculs et vous vous rendrez compte que nous ne pouvons pas payer les 3 000 DA d'un surveillant des élections dans les bureaux de vote.» Le candidat affirme également que le manque de moyens ne lui a pas permis de sensibiliser la communauté algérienne à l'étranger. A signaler enfin que Mohamed Saïd a présenté son bilan en quinze points, évoquant le respect de son programme de meetings établi pour la campagne, la partialité d'une partie de la presse et l'impartialité d'une autre, la position neutre de l'armée et des services de sécurité et le parti pris de l'administration. Mohamed Saïd, avant de conclure, a déclaré que le peuple est conscient mais désespéré face à ces responsables qui «promettent sans agir», affirmant que «l'argent est devenu source de pouvoir et de mercenariat. Si les choses continuent dans ce sens, j'ai bien peur que, parmi les candidats à la prochaine élection, ne figureront que les détenteurs de richesses ou ceux choisis par eux. Ce jour-là, nous aurons enterré la déclaration du 1er Novembre». H. Y.