L'Irak a donné naissance à un terroriste qui n'hésite pas à se montrer sur Internet en train d'égorger un otage. Abou Moussab Al-Zarkaoui a trouvé un pays d'accueil pour en faire un enfer. L'ancien lieutenant de Ben Laden a supplanté son maître. Par la terreur. Il a supplanté Oussama Ben Laden depuis longtemps, même s'il a prêté serment d'allégeance au responsable des attentats du 11 septembre 2001. Abou Moussab Al-Zarkaoui est devenu, en quelques mois, le terroriste le plus recherché du monde. Si son ancien mentor s'est fait un nom en Afghanistan, le Jordanien s'est créé une réputation macabre en Irak. A coups de décapitations diffusées sur Internet et à des attentats violents. Il est derrière presque tous les actes qui endeuillent au quotidien les environs de Baghdad. L'ancien enfant d'Amman a commencé à faire parler de lui en 1999, il n'était alors qu'un des lieutenants d'Oussama Ben Laden. Rien ne le prédestinait à devenir l'ennemi public numéro 1 des Etats-Unis. Il aimait plutôt la belle vie dans sa jeunesse, ses anciens camarades se souviennent de lui comme un bon vivant qui ne disait pas non à une bonne bouteille d'alcool. Sa rencontre avec le mouvement salafiste fera de lui un membre zélé, très porté sur la violence. Il va privilégier dès lors l'action à la prédication, les attentats à la réforme sociale ou politique. Pourtant, son premier acte d'engagement s'avère un échec. Il arrive en Afghanistan, prêt à en découdre avec les communistes, au moment où les Russes plient bagage. L'Irak, terre promise Quand l'armée américaine arrive à Kaboul, le Jordanien a déjà pris le chemin de Baghdad. Il pressentait que son heure est arrivée et que l'Irak sera ce que l'Afghanistan a été pour Ben Laden. Le chaos qui a suivi la chute du régime de Saddam Hussein et la grogne que suscite l'occupation américaine lui permettront de tisser plein de cellules indépendantes, plus violentes les unes les autres, dans la région sunnite essentiellement. Son ascendant ira crescendo sur les autres groupes armés, même s'il est désavoué par les résistants irakiens, notamment les nationalistes proches de l'ancien Président déchu, qui le trouvent trop violent et surtout sans vision politique. A 38 ans, Abou Moussab Al Zarkaoui a su tisser ses réseaux du Proche-Orient à l'Europe, et son ombre plane sur les attentats de Casablanca et de Madrid. L'enquête de Jean-Charles Brisard, expert international spécialiste du terrorisme, et de Damien Martinez, journaliste spécialisé dans le terrorisme islamiste, fourmille d'informations inédites. Ils ont retracé le parcours d'Abou Moussab Al-Zarkaoui en s'appuyant sur des documents officiels et ceux recueillis auprès de nombreux services de renseignements. On suit l'ascension d'un homme avide de pouvoir et grand fervent de l'usage de « la force primaire ».