Ils sont tous venus, amis et anciens compagnons sur les sentiers de la vie du défunt, anciens responsables de l'Etat ou des proches, rendre un vibrant et dernier hommage à un homme qui a eu toujours de la constance et de la pertinence dans ses idées et a toujours eu foi en ses convictions. On lit une grande tristesse et beaucoup de chagrin sur les visages. Certains laissent échapper, malgré eux, quelques larmes amères. Les obsèques sont émouvantes mais sobres. Parmi les présents, on pouvait reconnaître plusieurs personnalités politiques, culturelles ou sportives. Parmi eux, il y avait les ex-chefs du gouvernement Mokdad Sifi et Mouloud Hamrouche, le général Touati et le général Khaled Nezzar, Saïd Sadi (président du RCD), Belaïd Abrika, Ali Haroun, Kamel Bouchama (commissaire d'Alger, capitale de la culture arabe 2007), Saïd Abadou (SG de l'Organisation nationale des moudjahidine – ONM), Abdelmadjid Sidi Saïd (secrétaire général de l'UGTA) et même Amine Zaoui (directeur de la Bibliothèque nationale), Mohamed-Salah Mentouri (ex-président du Conseil national économique et social – CNES) et l'islamologue Mustapha Cherif. Saïd Hilmi et son frère Mohamed étaient présents également. Rédha Malek, ex-chef du gouvernement, a prononcé l'oraison funèbre. Il a choisi soigneusement ses mots pour retracer le parcours du défunt, mettant en évidence une réalité : «Il a toujours œuvré pour que l'Algérie demeure debout.» Il rappelle dans le même contexte que «le défunt a participé à la rédaction du programme de Tripoli et défendu l'un des fondements de l'Etat algérien, à savoir son caractère démocratique et populaire. Il a aussi participé à la rédaction de la Charte nationale de 1976. Il a su allier probité intellectuelle, rigueur et rationalité dans ses analyses et prises de position». Belaïd Abdeslam, ancien chef du gouvernement, abonde dans le même sens. Il parle de «point de repère et d'exemple d'intellectuel pour ma génération». Abdelhamid Mehri, personnalité politique nationale, a qualifié feu Lacheraf «d'exemple pour les nouvelles générations», estimant qu'il «était l'exemple aussi de l'intellectuel engagé». Tous soulignent le fait que c'était un combattant pour la cause algérienne, un pédagogue et un brillant chercheur qui a compris la société algérienne dans toute sa diversité. Il n'y avait pas par contre grand monde du côté du gouvernement actuel au cimetière. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, avait adressé, samedi, un message de condoléances à la famille de Mostefa Lacheraf, soulignant que le défunt avait réussi «avec brio cette parfaite symbiose entre les civilisations et les cultures, il parvint à échafauder à la faveur d'une vision globale une pensée pertinente à travers une richissime et prolifère production dans les domaines de l'histoire, la sociologie, la littérature et l'écriture journalistique, armé en cela par une connaissance accomplie des méandres de la langue française, à laquelle il avait épousé sa culture arabe». «Nous venons de perdre, en la personne de ce sincère ami et fidèle compagnon, un homme aux qualités et vertus intrinsèques et à l'engagement de principe sur une voie authentique à laquelle il avait cru et pour laquelle il s'était sacrifié», a-t-il estimé. Mohamed Saïd Mazouzi, ancien membre du gouvernement du défunt président Houari Boumediène et membre du Conseil consultatif national (CCN) de 1992 à 1994, a estimé que «la disparition de Lacheraf est une énorme perte pour le pays et pour les générations futures, de par sa capacité d'éclairage sur les événements majeurs vécus par l'Algérie». C'était un homme d'esprit, un homme de cœur, un homme aimable qui disparaît aujourd'hui. Un homme rare qui laisse une œuvre à décrypter.