Lacheraf rejoint, ainsi, le panthéon des personnalités ayant marqué l'histoire. Homme politique, figure historique, écrivain et sociologue, Mostefa Lacheraf a été inhumé, hier, au cimetière d'El Alia, dans la périphérie algéroise. Plusieurs personnalités politiques, artistiques et historiques ont tenu à lui rendre l'ultime adieu en accompagnant le convoi funèbre transportant le défunt à sa dernière demeure. Rédha Malek, Mouloud Hamrouche, Belaïd Abdeslam, Khaled Nezzar, Kamel Bouchama, Abderrahmane Chibane, Amin Zaoui, Saïd et Mohamed Hilmi, Mustapha Chérif... L'émotion se lisait sur tous les visages. Les nombreuses personnalités présentes à l'enterrement se sont toutes inclinées à la mémoire de «l'homme révolté». Lui qui a choisi l'Algérie sur toute autre considération. Militant de la cause nationale de la première heure, Mostefa Lacheraf fut parmi les cinq responsables de la Révolution, arrêtés le 22 octobre 1956 à la suite de l'opération pirate qui s'est soldée par l'arraisonnement, par les autorités françaises, du DC3 d'Air Atlas, en partance de Rabat vers Tunis. Universitaire connu pour ses essais sur la Révolution algérienne, Mostefa Lachraf a vu son destin lié aux figures politiques de la guerre de Libération nationale à la suite de son internement à la prison de la Santé, en France, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Khider. Homme politique, il a adhéré au Parti du peuple algérien en 1939 et il a exercé en qualité de juge à Bousaâda en 1942-1943. Diplomate, il a occupé des postes diplomatiques après l'indépendance, dont celui d'ambassadeur en Argentine à partir de 1965. Rappelé par le défunt président Houari Boumediene à Alger, il a été nommé en qualité de conseiller aux Affaires culturelles auprès du président de la République, avant de se voir confier le portefeuille ministériel de l'Education nationale dans le gouvernement du 23 avril 1977 pour assurer ensuite le poste de délégué permanent de l'Algérie à l'Unesco. Intellectuel, Lacheraf s'est manifesté par des contributions régulières aux revues Esprit, Les Temps Modernes, Les Cahiers internationaux et Présence africaine, où il a publié ses premiers écrits sur l'histoire du nationalisme algérien. Parti à l'âge de quatre-vingt dix ans, Mostefa Lacheraf rejoint, ainsi, le panthéon des personnalités emblématiques ayant marqué, et marqueront à jamais, l'histoire d'un pays qui a survécu à tous les chamboulements de l'histoire.