Le cap du 9 avril est passé, Abdelaziz Bouteflika est réélu pour un troisième mandat avec un taux à la mesure de la victoire écrasante qu'il avait réclamée. Zerhouni, le ministre de l'intérieur a annoncé vendredi matin que Bouteflika a obtenu 90.24 % des voix. Passé comme une lettre à la poste, sans surprise ni suspense, le troisième mandat prend effet sur la base de 74,11% de taux de participation nationale. Un chiffre record dépassant même le score de l'élection de 2004 estimé à 58,07%. Pourtant, à la différence du scrutin actuel, l'élection de 2004 avait connu un plus grand suspense quant à ses résultats. L'émigration aurait enregistré un taux de participation de 36,48% pour l'élection de 2009. Alors que le taux d'abstention l'emportait sur la participation dans les débats, au point de provoquer une véritable machine électoraliste, le ministère de l'Intérieur a annoncé hier une participation record de 64,76% à Alger, connue pourtant par son traditionnel penchant pour l'abstention. La Kabylie frondeuse et peu encline aux opérations de vote, enregistre respectivement, 30,75% de votants à Tizi Ouzou et 29,36% à Béjaïa. Bouira qui a connu des incidents dans plusieurs bureaux de vote, enregistre un taux de 66,47% de participation. Des chiffres qui contredisent l'évaluation faite sur le terrain par les observateurs. A Alger, la timide affluence des électeurs était visible dans la majorité des bureaux de vote. Des bureaux spéciaux ont été installés pour accueillir les éléments des corps constitués en civil. En Kabylie, des incidents ont été enregistrés, notamment à Bouira et Béjaïa où des urnes ont été brûlées et des émeutes ont éclaté, alors qu'à Boumerdès une tentative d'attentat terroriste a été signalée. Dans le reste du pays, des taux exceptionnels sont annoncés. L'opposition qui a décidé de boycotter le scrutin fait état de nombreuses irrégularités. Le FFS signale que « le scrutin s'est déroulé dans un climat de tension, de menaces, et de manipulations ». Il cite le bourrage des urnes et une instruction envoyée aux chefs de daïra autorisant les votes sans procuration. Le RCD évoque entre autres irrégularités l'utilisation de flux artificiels d'électeurs, composés de militaires et de policiers en civil transportés par bus dans les différents centres de vote. Le mouvement El Islah dont est issu un des candidats à l'élection présidentielle, en l'occurrence Djahid Younsi, fait état « d'intimidations » dont ont fait l'objet des représentants du parti au niveau des bureaux de vote des wilayas de M'sila, Laghouat, El Oued, Khenchela, Blida et Alger. Le parti de Fawzi Rebaïne, candidat de Ahd 54, dénonce pour sa part le non- respect par le candidat Bouteflika de la consigne du Conseil constitutionnel obligeant l'utilisation de photo récente sur le bulletin de vote. La crainte de l'abstention n'est plus qu'un mauvais souvenir pour Bouteflika, le bulldozer électoral est passé pour lui offrir son couronnement sans surprise.