Une nouvelle imposture autoritaire et un viol national. » C'est en ces termes qu'a qualifié le FFS le scrutin présidentiel de jeudi dernier et les chiffres de la participation, communiqués hier par le ministre de l'Intérieur. Le parti affirme que « le taux réel de la participation au scrutin présidentiel du 9 avril 2009 ne dépasse pas les 18% ». Un chiffre que le parti a obtenu, comme l'affirment ses responsables, « sur la base d'informations recueillies par les militants et les élus du FFS ainsi que des membres des syndicats et des associations autonomes ». « Ces derniers, précise le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, ont pu suivre le déroulement du scrutin dans 37 wilayas du pays et ont communiqué, au fur et à mesure, les taux de participation de l'ouverture des bureaux de vote jusqu'à la clôture de l'opération. » Constat : le FFS relève, selon Karim Tabbou, « une fraude massive, systématique et généralisée ». Pour lui, le pouvoir a innové dans ses méthodes de bourrage des urnes. « Affolé par un taux faible de participation enregistré durant les premières heures de la matinée, le pouvoir a donné instruction à toutes les administrations de gonfler les chiffres par tous les moyens », explique notre interlocuteur. Ainsi plusieurs procédés ont été exploités. Le plus remarquable est le vote des corps constitués et des policiers. Selon lui, ces derniers ont voté plusieurs fois et dans des bureaux de vote différents. « Nos militants l'ont constaté dans toutes les régions. Les corps constitués, transportés dans des bus, ont fait le tour des bureaux pour voter à plusieurs reprises et participer à gonfler le taux de participation », note-t-il. Le fichier électoral a été également exploité. « Des présidents d'APC découvrent avec stupéfaction que, le jour du scrutin, des milliers de noms sont venus subitement gonfler le fichier électoral de leur commune. Dans la capitale comme dans d'autres villes du pays, nos militants découvrent des bus remplis de citoyens étrangers à la commune venus voter dans des centres préalablement sélectionnés », explique-t-il. « Ces procédés sont dignes des régimes de Saddam et de Mugabe », lance-t-il. Contrairement aux affirmations du ministre de l'Intérieur, les responsables du FFS soutiennent que « l'indifférence et l'atonie des Algériennes et des Algériens ont marqué ce scrutin comme elles ont marqué la campagne électorale ». « A elle seule, cette absence de mobilisation suffirait à démentir les chiffres surréalistes avancés par le ministre de l'Intérieur », ajoute encore le parti. La finalité du bourrage des urnes, commente encore le deuxième homme du FFS, est claire : « Il s'agit pour le régime de concrétiser le retour au système de parti unique, de la pensée unique et du candidat unique. » Le FFS, dira son responsable, ne compte pas baisser les bras. Il se montre déterminé à poursuivre sa lutte quotidienne sur le terrain pour mobiliser les citoyens et faire face ainsi au régime en place.