En son nom et en celui des plus de 250 000 enfants soldats estimés dans le monde, une conférence se tient depuis hier et jusqu'à ce soir à Paris, à l'initiative de l'Unicef et du ministère français des Affaires étrangères. Dix ans après les Principes du Cap (premier ensemble de recommandations sur la prévention du recrutement d'enfants dans les forces armées, leur démobilisation et leur réinsertion sociale), quelque 300 participants de 60 pays doivent mettre au point deux textes : les Principes de Paris, guide pratique destiné à la cohérence des actions engagées sur le terrain et les engagements politiques que les Etats prendront pour appuyer ces principes. «On ne naît pas violent, on le devient, témoigne Ishmael Beah. C'est si facile pour un enfant de devenir soldat, si difficile ensuite de lui faire récupérer l'humanité qu'il a perdue. Mais c'est possible.» En partenariat avec des ONG et des services gouvernementaux, l'Unicef a, depuis dix ans, participé à la réinsertion de plus de 95 000 enfants. «Les centres de réhabilitation leur proposent différents enseignements (mathématiques, arithmétique, littérature, alphabétisation, agriculture, élevage, plomberie…), un suivi psychologique pour les aider à faire face aux traumatismes de la guerre et un hébergement provisoire pour les moins fortunés, orphelins de la guerre», précise Wielfried, jeune ambassadeur Unicef, en mission en République démocratique du Congo. «La grande majorité des enfants a vocation à s'en sortir», commente Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et membre du Comité de parrainage de l'Unicef France. «Pour cela, il faut d'abord reconstruire un alentour affectif et éducatif pour que l'enfant reprenne un type de développement, avec, dans la mémoire, ce qu'il ne peut pas encore dire et qu'il dira peut-être plus tard». Selon Radhika Coomaraswamy, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, au moins douze pays sont le théâtre de cette grave violation des droits de l'enfant : Colombie, Burundi, Côte d'Ivoire, Ouganda, République démocratique du Congo, Somalie, Soudan, Tchad, Myanmar, Népal, Philippines et Sri Lanka. «Sur plusieurs continents, des enfants sont utilisés comme soldats, qu'ils portent les armes ou qu'ils servent d'espions, de porteurs, ou encore d'esclaves sexuels pour les filles, souligne Ishmael Beah. L'Unicef a besoin de moyens pour aider les centres à les prendre en charge, eux et ceux qui, sans forcément avoir été soldats, ont perdu leur famille de façon traumatisante. Mon histoire peut servir d'exemple.»