Plus de 11.000 enfants soldats ont été délivrés de leur servitude l'an dernier mais des centaines de milliers d'autres restent à la merci de groupes armés comme celui de Thomas Lubanga, estime l'ONU. La condamnation mardi de l'ancien chef de milice congolais par la Cour pénale internationale (CPI) à 14 ans de prison pour l'enrôlement d'enfants est une décision «historique» a déclaré la représentante spéciale de l'ONU pour les enfants dans les conflits armés, Radhika Coomaraswamy. Il est maintenant établi que recruter et utiliser des enfants comme soldats est un crime et «personne ne peut plus dire qu'il n'est pas au courant», explique Mme Coomaraswamy, qui quittera son poste fin juillet au terme d'un mandat de six ans. L'objectif de l'ONU est de s'assurer d'ici à 2015 qu'aucun enfant ne soit plus enrôlé dans une armée nationale. Seuls la République démocratique du Congo et le Soudan font encore exception. Les très nombreux enfants encore contraints de se battre sont aux mains de groupes comme les talibans afghans, les rebelles congolais de Bosco Ntaganda, les insurgés islamistes shebab en Somalie, les islamistes d'Ansar eddine au Mali ou des organisations terroristes ou armées privées. Le phénomène n'est pas nouveau mais la communauté internationale ne s'en est vraiment préoccupée que depuis une vingtaine d'années, explique Mme Coomaraswamy. «M.Lubanga, dit-elle, est l'exemple classique qu'on retrouve dans les grandes guerres africaines des années 1990: l'enlèvement d'enfants, l'usage de drogues, les enfants utilisés comme soldats, donc c'est un des pires». Dans de nombreuses guerres civiles, la drogue est utilisée pour retourner les enfants contre leur famille; les jeunes filles deviennent des esclaves sexuelles ou des combattantes, ou les deux. Pour Mme Coomaraswamy, la menace de sanctions brandies par le Conseil de sécurité contre les pays récalcitrants a beaucoup contribué au succès de l'ONU dans sa lutte contre ce fléau. En plus des 11.000 enfants soldats libérés l'an dernier, dix-neuf «programmes d'action» ont été conclus avec des gouvernements et des groupes. La Birmanie a signé un accord après cinq ans de discussions, de même que le Tchad, à l'issue de difficiles négociations. Le gouvernement somalien vient de s'engager à démobiliser ses soldats âgés de moins de 18 ans.