La fraude a été générale et massive et a touché toutes les wilayas du pays. » Ce sont les propos tenus, au lendemain du 9 avril, par le trio Louisa Hanoune- Djahid Younsi-Fawzi Rebaïne, respectivement premiers responsables du PT, d'El Islah et de Ahd 54. Tout en contestant les résultats de ce scrutin, les trois candidats passent immédiatement à l'acte en déposant dans les délais des dizaines de recours auprès du Conseil constitutionnel, de la Commission politique nationale de surveillance de l'élection présidentielle et de l'ONU. Djahid Younsi, même s'il ne se fait pas trop d'illusions quant aux résultats de ces recours, va plus loin dans ses accusations en demandant à l'institution présidée par Boualem Bessaïeh de rectifier partiellement le résultat du scrutin en annulant au préalable les résultats des bureaux spéciaux au nombre de trois millions. « Le pouvoir a triché, il a installé, contrairement à l'accoutumée, les bureaux spéciaux à l'extérieur des casernes et non à l'intérieur, donc ils ont toujours le caractère spécial. Nous avons la preuve que les corps constitués ont voté dans des bureaux spéciaux et c'est là une contradiction flagrante avec le contenu de la loi électorale », a tonné le porte-parole d'El Islah qui rappelle que les corps constitués devraient voter chez-eux ou par procuration et, partant de ce fait, le Conseil constitutionnel doit revoir le décompte. En outre, Djahid Younsi accuse également l'administration de lui avoir retiré 1600 voix au niveau de dix centres de vote dans la wilaya de Constantine. « Nous avons déposé un recours dans ce sens, car nous avons la preuve palpable contrairement aux autres cas de fraude constatés à notre détriment et que nous n'avons malheureusement pas pu prouver, car nos observateurs n'ont pas pu élaborer des PV du fait qu'ils ont été empêchés de participer au dépouillement et ont été interdits d'accès aux bureaux de vote », a tonné M. Younsi, qui a soutenu que ses militants, la population et même son arch situé dans la région de Tébessa peuvent témoigner des cas de dépassements enregistrés dans les bureaux de vote. « Nous savons que le Conseil constitutionnel jugera d'abord les recours dans la forme avant de passer au fond et en l'absence d'un P-V en bonne et due forme portant nos réserves, et nous ne pouvons rien faire. L'administration a joué sur ce point », a soutenu le président d'El Islah. De son côté, le Parti des travailleurs a déposé plus de 100 recours auprès du Conseil constitutionnel avec des preuves à l'appui. « Nous avons dressé un tableau de tous les dépassements, les cas de bourrage des urnes. Nous avons argumenté nos doléances avec des P-V et nous avons même établi des comparaisons entre les PV de l'administration qui ne sont pas en conformité avec les nôtres. Nous avons suivi la procédure énoncée par la loi », a soutenu Djaloul Djoudi. Pour sa part, Fawzi Rebaïne a élaboré un rapport détaillé de tous les dépassements constatés à tous les niveaux avant de le remettre à la délégation de l'ONU envoyée par Ban Ki-moon. « Les membres de cette délégation ne sont pas venus en Algérie pour observer ou contrôler les élections, mais juste pour transmettre les doléances des candidats à leur premier responsable », a soutenu le directeur de campagne de Rebaïne, qui ajoute que Ahd 54 ne déposera pas de recours auprès du Conseil constitutionnel, une institution qu'il ne reconnaît pas, mais par contre, il a déposé des recours au niveau de la Commission politique nationale de surveillance de l'élection présidentielle. « Cette dernière n'a aucun crédit et aucune prérogative, elle est tout simplement à nos yeux une boîte d'enregistrement et c'est pour nous une manière d'avoir dans nos documents une preuve matérielle que nous avons déposé des recours », a fulminé le staff de Rebaïne. Par ailleurs, M. Sellal, directeur de campagne de Bouteflika et dont la mission s'est achevée au lendemain de l'annonce des résultats, est convaincu que le président sortant a été élu à une large majorité et regrette presque que les candidats qui parlent de fraude n'aient pas ramené une seule preuve de ce qu'ils avancent.