Le cabinet en question, qui aura pour tâche de résoudre la crise politico-financière et sortir les Palestiniens de l'isolement international, présentera aujourd'hui son programme au Parlement en vue de son investiture. Le Conseil législatif palestinien (CLP) devrait octroyer massivement sa confiance au nouveau gouvernement associant le Fatah du président Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas du Premier ministre désigné Ismaïl Haniyeh. Les nouveaux ministres devraient ensuite prêter serment. Une cérémonie similaire aura lieu le lendemain dans l'enceinte locale du CLP à Ramallah pour ceux d'entre eux contraints de rester en Cisjordanie en raison des mesures de restriction israéliennes. Les Palestiniens espèrent que ce cabinet leur apportera le calme et la prospérité, après un an d'affrontements interpalestiniens meurtriers et de boycottage international imposé après l'accession au pouvoir en mars du Hamas, à la suite des législatives de janvier 2006. A l'appui de cet optimisme, il publiait une caricature montrant les membres du nouveau gouvernement s'insinuant dans les fissures d'un mur baptisé «Boycottage international». Est-ce suffisant pour établir une espèce de normalité chassée par les Occidentaux qui prennent la planète pour une bande d'amnésiques, ou encore chercher à faire croire qu'il reste quelque chose de la feuille de route, ce fameux plan du Quartette en retard de deux années sans que cela émeuve qui que ce soit. L'Union européenne et les Etats-Unis hésitent cependant à reconsidérer leur boycottage économique et politique des Palestiniens, indiquant qu'ils souhaitent étudier le programme du cabinet d'union. «Israël ne peut pas conférer une légitimité à ce gouvernement palestinien en coopérant avec lui, alors qu'il refuse les principes du Quartette (Etats-Unis, UE, ONU et Russie), et doit en revanche négocier uniquement avec Abou Mazen (Mahmoud Abbas)», a de son côté déclaré le vice-ministre de la Défense Ephraïm Sneh. Il a souligné que le gouvernement palestinien refusait de souscrire à ces principes, reconnaissance explicite de l'Etat d'Israël et des accords signés avec lui par les Palestiniens, et renoncement à la violence. Selon le Quartette pour le Proche-Orient, le Hamas doit se plier à ces exigences, faute de quoi il continuera d'être considéré comme une «organisation terroriste» à laquelle il refuse de verser des aides directes. Le Hamas disposera de 12 portefeuilles, dont celui de Premier ministre, octroyé au chef de cabinet sortant Ismaïl Haniyeh, sur 25 au total. Le Fatah en comptera six. Sept autres ministères, dont les Finances, les Affaires étrangères et l'Intérieur, ont été attribués à des personnalités considérées comme «indépendantes» ou relevant de petites formations.