L'insuffisance d'abattoirs avicoles dans la région d'Akbou contribue-t-elle à la flambée du prix du poulet depuis l'interdiction par les autorités de la vente et de l'abattage de la volaille sur les lieux publics suite à l'avènement de la grippe aviaire ? Les deux structures existantes et consacrées à cet effet, un abattoir et une tuerie sis respectivement à Akbou et Tazmalt, ne peuvent apparemment pas prendre en charge toutes les cargaisons en provenance du peu de poulaillers toujours en activité. «Quand l'abattoir affiche parfois complet, nous nous rabattons sur les places publiques pour écouler notre production en jouant au chat et à la souris avec la police. Un certificat médical attestant la bonne santé du poulet pourrait bien, à mon sens, suffire pour nous permettre de l'écouler sur le marché», nous dit Ighessanen Madjid, aviculteur à Ighram. Si des dispositions ont été prises par les pouvoirs publics pour prévenir la maladie, il n'en est pas de même pour les mesures d'accompagnement devant juguler l'inflation du prix du poulet. Au lieu de connaître une dégringolade somme toute logique comme cela a été le cas de par le monde, il a culminé à 280 DA/kg durant les premiers mois ayant suivi l'apparition du virus H5N1 avant de se stabiliser dans une fourchette comprise entre 240 et 260 DA/kg ces derniers temps. La plus consommée des viandes blanches coûte assurément trop cher pour les petites bourses et des aviculteurs affirment ne pas profiter de cette aubaine dans la mesure où ils l'ont, à un moment donné, cédée à 80 DA/kg. Du côté de Condi Volaille (l'abattoir avicole privé d'Akbou) où 1200 unités sont conditionnées quotidiennement, le responsable du service commercial nous informe que le poulet a été acquis au début de ce mois à 145 DA/kg et revendu aux détaillants après abattage, déplumage, éviscération et conditionnement sous vide à 235 DA/kg. On nous fait remarquer toutefois que leurs fidèles clients sont prioritaires. Un détail de taille qui a contraint certains producteurs à voir du côté des abattoirs des wilayas limitrophes de Bouira et Bordj Bou Arreridj et inciter d'autres à tenter d'investir dans ces structures. Mais là encore, c'est compter sans les tracasseries administratives. La demande d'aménagement d'un hangar en tuerie avicole à Azaghar (Akbou) formulée par Lounis Iskounen, éleveur de dindes depuis 1989, aura mis plus de quatre ans pour être acceptée. «Grâce aux encouragements du DSA de Béjaïa, j'ai continué à taper à toutes les portes mais il aura fallu une intervention en haut lieu pour que mon projet soit enfin retenu», nous confiera-t-il. Les lois en la matière sont pourtant claires, une simple autorisation du premier magistrat de la commune permet un abattage inférieur à 2 tonnes/jour dans une structure répondant aux normes d'hygiène et d'urbanisme requises.Malek Hamidouche, docteur vétérinaire, estime pour sa part que la demande en viandes blanches est plus importante que l'offre car nombre d'aviculteurs ont arrêté leur activité par peur de voir leur élevage décimé par l'influenza aviaire. «La filière avicole est par ailleurs anarchique. L'élevage, l'abattage et la commercialisation doivent être réglementés pour un meilleur écoulement du produit», affirmera-t-il. Les aviculteurs estiment pour la plupart se retrouver dans le désarroi. En plus de la cherté de l'aliment (2700 DA/quintal) et du poussin (80 DA/unité), nombre d'entre eux se plaignent de l'absence de l'électricité à proximité de leurs poulaillers sis aux villages d'Ighram et d'Ighil Nacer. Une demande d'électrification dans le cadre du PPDR a été transmise par ces derniers à toutes les instances concernées.