Le charbon constituait la principale ressource énergétique pour faire fonctionner les centrales électriques, les usines, les transports et le chauffage domestique et industriel. Cette ressource conventionnelle lourde, contraignante et difficile à extraire s'est épuisée au fil du temps. De nos jours, pour alimenter toutes les grandes villes et les agglomérations et répondre aux besoins en énergie électrique, l'homme utilise les différentes techniques modernes basées sur l'utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, uranium) et des énergies renouvelables telles que l'hydraulique, le solaire, l'éolien, la biomasse végétale et la géothermie. Ces ressources énergétiques renouvelables sont obtenues suite à des conversions : – électromécaniques de la force de l'eau. – photovoltaïque, thermique et thermodynamique pour le rayonnement solaire. – mécanique et électromécanique pour l'énergie du vent. – par la fermentation méthanique et alcoolique ou par combustion, carbonisation et gazéification pour la biomasse. – par la récupération de la chaleur pour l'énergie géothermique. Le phénomène des gaz à effet de serre qui est à l'origine du réchauffement climatique de la planète, dû essentiellement à l'utilisation des énergies conventionnelles, a poussé les chercheurs de par le monde à créer d'autres formes de ressources d'énergies, propres et non polluantes. Et aussi à réfléchir sur la manière de réduire la production énergétique, à économiser et à maîtriser la consommation d'énergie électrique. Certains pays, pour répondre à leurs besoins énergétiques actuels et futurs, et aussi en raison de l'inexistence de ressources conventionnelles dans leurs territoires, ont depuis longtemps mis des moyens considérables pour la promotion de l'utilisation des énergies renouvelables, par la mise en place de politiques de réduction de la consommation électrique, d'augmentation du prix énergétique, et surtout à réfléchir ensemble et efficacement à une utilisation rationnelle de l'énergie électrique. A titre indicatif, et s'agissant de l'énergie éolienne, cette forme d'énergie a connu, au niveau mondial, une progression formidable. La puissance installée est passée de 20.000 MW en 2001 à 60.000 MW à fin 2005. Cela réduit les émissions de gaz de plus de 84 millions de tonnes par an. Il est utile de rappeler que les gaz à effet de serre n'ont pas de frontières. Leur circulation d'un pays à un autre dépend de la quantité des GES émis, de la puissance et de la direction des vents. De ce fait nous sommes tous concernés et interpellés, de la rive nord à la rive sud, par la réduction des GES, donc par la maîtrise et l'économie d'énergie pour la sauvegarde de notre environnement commun. Le décalage horaire universel peut s'avérer un instrument potentiel et fructueux en matière d'économie et de maîtrise d'énergie, et de non émission de gaz à effet de serre en Algérie. Actuellement à GMT+1, l'horaire universel pourrait être porté conventionnellement à GMT+2, du mois de mai à septembre, soit 5 mois dans l'année. Ce décalage équivaudrait à une économie d'énergie appréciable et significative dans le temps. L'énergie non consommée par l'éclairage public et domestique à l'aube et au coucher du soleil, ajoutée à la réduction de la durée nocturne de veille, représente une consommation relativement importante. Sa valeur en termes de puissance électrique serait équivalente à une centrale électrique d'une capacité de 1000 MW, soit 14% de la puissance disponible en Algérie à fin 2006, et une énergie annuelle de 150.000 MWh. Cela entraînerait une réduction d'émission de GES de l'ordre de 132.000 tonnes par an et une économie de 645 KTEP de carburant. Les revenus annuels générés par cette quantité de gaz non émise seraient de 1 million d'euros environ. De plus, cette opération temporelle va servir à arrondir les pointes lumières et permettre une meilleure gestion de cette phase de la journée, qui, faut-il le rappeler, demeure la période la plus délicate à exploiter et à maîtriser. La position géographique de l'Algérie par rapport aux pays maghrébins interconnectés électriquement, et des pays maghrébins vis-à-vis de l'Algérie, peut apporter beaucoup dans la maîtrise de l'énergie. Quand la nuit tombe à Tunis, il fait encore jour à Alger. Quand il commence à faire nuit à Alger, à Casablanca c'est encore le jour. De ce fait, durant les fortes demandes d'énergie, soit en période de pointe lumière, les échanges internationaux pourraient se faire en fonction de cet état de situation. La gestion commune des besoins énergétiques durant les périodes creuses (entre 22h et 6h), les week-ends et les jours fériés est aussi une opération fructueuse et intéressante pour les trois pays. Cet ensemble maghrébin interconnecté pourrait également rentabiliser ses moyens de production et de transport en adoptant une politique d'échanges d'énergie avec les pays européens à l'Ouest, et dans le futur, avec l'ensemble des pays arabes à l'Est. Chaque pays va pouvoir ainsi assurer la couverture de ses besoins nationaux et bénéficier d'une exploitation électrique à la fois équilibrée, rentable et optimale. Les interconnections maghrébines actuelles, sous-exploitées, ne servent pas les réseaux maghrébins, sauf en cas de situations dégradées. Conçues pour assurer des échanges d'énergie, les transits sont nuls la plupart du temps. Le flux demeure faible en regard de celui des réseaux européens, par exemple. Un opérateur système maghrébin est nécessaire à l'avenir pour mener une gestion commune rentable et économe de cet ensemble de réseaux électriques. Cette politique énergétique va concourir à mettre moins de centrales électriques en service et, par conséquent, ce programme va permettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre dans toute la région, et contribuer ainsi à l'amélioration de l'environnement. L'auteur est : Conseiller en maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables. Ancien dispacher national chargé de la conduite réseaux (opérateur système). Formateur porteur d'un projet éolien de 1,2 MW.