Les étudiants en pharmacie et en médecine refusent le statut de « victimes » de la grève des professeurs et docents de la santé. Sous une chaleur accablante, des dizaines d'étudiants en blouse blanche ont manifesté hier devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, pour apporter leur soutien à leurs professeurs et exprimer leur crainte d'une « année blanche ». Le fait est que les professeurs de la santé publique ont menacé de boycotter les examens de fin d'année jusqu'à satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. Les étudiants espèrent faire pression sur le ministère de tutelle pour qu'il réponde favorablement aux doléances de leurs professeurs et pouvoir ainsi passer leurs examens. Pour Amel, étudiante en quatrième année de pharmacie, l'équation n'est pas compliquée. « S'ils règlent le problème des professeurs, ils règlent notre problème », dit-elle. Hier, les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur qui ont rencontré les délégués des étudiants protestataires ont promis de prendre leur cas en considération. « Ce n'est pas une action dirigée contre nos professeurs mais contre ceux qui refusent de leur tendre l'oreille », estime Hakima, elle aussi étudiante en quatrième année de pharmacie. Elle ajoute : « Ceux d'en haut gèrent n'importe comment et c'est à nous de payer les pots cassés. Si on n'apporte pas notre appui à nos professeurs, qui le fera ? Nos profs ont passé plus de 15 ans à travailler dur. Nous comprenons leur démarche. Dans tous les pays du monde, les médecins sont respectés. Ici, on les poursuit en justice comme de vulgaires criminels. » Si les professeurs venaient à boycotter les examens, c'est un scénario noir qui se profile pour les étudiants : « Les universités devront fermer plus tôt pour la préparation du Festival panafricain. Ils pourraient organiser un seul examen pour les deux semestres. Nous devons réviser près de 75% du programme en un temps relativement court. Les étudiants de la 5e année risquent de ne pas passer le concours de résidanat. Leur avenir sera en suspens », nous explique-t-on. La désillusion des étudiants en pharmacie semble totale : « On nous a exigé une moyenne de 14/20 pour accéder à cette filière alors qu'il n'y a pas l'infrastructure adéquate. Il n'y a aucun investissement de l'Etat. Nous avons chaud l'été et froid l'hiver. La démotivation de nos profs se ressent sur la qualité des cours. Il faut faire quelque chose pour sauver ce qui reste à sauver. » A signaler que le ministère de l'Enseignement supérieur a renvoyé hier la balle dans le camp du ministère de la Santé.