L'inquiétude ronge les étudiants en médecine, pharmacie et chirurgie dentaire. Face à la détermination et à la mobilisation des professeurs, des docents et des maîtres assistants en sciences médicales, à poursuivre leur mouvement de débrayage et le boycott des examens et concours de fin d'année, ils refusent le statut de victimes dans cette action de protestation. Ils craignent le spectre d'une année blanche qui se précise malheureusement, de jour en jour, et demandent aux pouvoirs publics de sortir, en urgence, de leur mutisme pour trouver une issue à cet imbroglio. Les étudiants ont déjà investi la rue. Ils ont manifesté leur mécontentement, en organisant des marches à Tizi Ouzou, Annaba et Constantine. Ils ont remis une requête aux walis leur demandant d'intercéder auprès des autorités pour leur éviter une année blanche. Au niveau de la capitale, les étudiants en médecine ont opté pour l'organisation, samedi prochain, d'un sit-in à Laperrine pour crier leur colère et tracer un programme d'action afin de mettre le gouvernement devant ses responsabilités. « Nous envisageons d'occuper la rue », menace un étudiant. Il y a quelques jours, ils ont manifesté en blouse blanche devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour apporter leur soutien à leurs professeurs et exprimer leur inquiétude. Les étudiants espéraient ainsi faire pression sur la tutelle pour qu'elle réponde favorablement aux doléances des hospitalo-universitaires et pouvoir ainsi passer leurs examens. Mais c'était sans compter sur l'entêtement du département de Rachid Harraoubia. Cependant, ils précisent que leurs actions ne sont pas dirigées contre leurs enseignants, mais bel et bien contre la tutelle qui refuse de prendre en considération leurs revendications. Pour eux, l'équation est très simple : « Si le gouvernement règle le problème des professeurs, il nous évite automatiquement l'année blanche. » Constat auquel adhèrent pleinement les syndicats initiateurs de la protesta. Mais il faut bien le signaler, le planning des examens est sérieusement perturbé. « Les étudiants en chirurgie dentaire passent fréquemment des examens, nous sommes donc les plus touchés par cette grève », s'inquiètent-ils. En effet, c'est la deuxième fois que les examens sont reprogrammés. Sauf que les enseignants ont décidé de maintenir le mouvement de grève. « Notre situation est alarmante », lance un étudiant en chirurgie dentaire. Même cri de détresse du côté des étudiants en médecine. Le porte-parole du Syndicat des professeurs docents et maîtres assistants, M. Djidjli, a indiqué que les contestataires « ne comptent pas reculer, d'autant plus que la balle est dans le camp du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Selon lui, ni le ministère de la Santé, ni celui de l'Enseignement supérieur n'ont été capables de tenir leurs promesses. Si les pouvoirs publics veulent nous avoir à l'usure, ils se trompent de stratagème. Nous n'allons pas baisser les bras », tonne notre interlocuteur avant de crier le ras-le-bol de la corporation des hospitalo-universitaires : « La coupe est pleine et nous n'avons plus rien à perdre. » « Les injustices que nous subissons doivent cesser », déclare M. Djidjli. Les syndicats regrettent que les étudiants soient pris en otages dans ce bras de fer qui les oppose au gouvernement. « Les étudiants sont entre le marteau et l'enclume. Nous comprenons leur angoisse, mais que voulez-vous que l'on fasse face à des autorités qui nous méprisent et qui nous tournent le dos systématiquement », se défendent les syndicalistes qui indiquent qu'ils leur ont bien expliqué que cette impasse ne relève guère de leur « ressort ». M. Djidjli récuse les déclarations du chargé de communication au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur qui avait écarté le spectre d'une année blanche, non par la prise en charge des revendications du syndicat, mais par le prolongement de l'année pour permettre aux étudiants d'effectuer tous les examens. « Si la tutelle pense que la solution réside dans le prolongement de l'année, alors nous prolongerons aussi et autant que possible notre mouvement de grève », menace le représentant syndical qui déplore « le comportement de nos responsables est inqualifiable ». M. Djdjili rappelle, en effet, que leurs revendications ne relèvent pas de l'irréalisable. « Les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur nous ont demandé, en février dernier, de geler notre grève en échange d'une rétribution », souligne notre interlocuteur. Et de préciser : « Un engagement a été signé, dans ce sens, par les deux parties, sauf que quatre mois après, nous n'avons pas touché ces miettes, car selon nos ministres, M. Ouyahia s'y oppose. » M. Djidjli regrette que les chargés de communication des ministères concernés crient sur tous les toits que les portes de leurs départements sont ouvertes aux syndicats. C'est faux, tempête-t-il. « Nous avons déclenché il y a plus d'un mois une grève cyclique et nous avons opté pour le boycott des examens, mais jusqu'à aujourd'hui aucun des deux ministres ne nous a sollicités pour s'asseoir autour d'une table et débattre de la question », soutient le syndicaliste qui rappelle que « les deux départements ministériels leur ont clairement signifié que seul M. Ouyahia a la clé du problème ».