Alors que le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, plaidait l'implantation « sur tout le territoire national » du rite malékite, mardi lors d'un colloque à Aïn Defla, et déclarait que « le peuple algérien appartient dans sa spécificité au rite malékite », des voix se sont élevées pour demander l'officialisation du rite ibadite, pratiqué principalement dans le M'zab. Oui.Kamel Eddine Fekhar : premier secrétaire de la fédération du FFS à Ghardaïa « Depuis l'Indépendance, on n'a pas enseigné aux jeunes générations d'ibadites plusieurs volets de leur rite relatifs à la philosophie et à la culture politique. Et l'enseignement même du rite n'est dispensé que dans des établissements privés. Il faut donc avoir les moyens pour. C'est une politique d'exclusion que de dire que nos revendications menacent l'unité nationale, car cette unité doit se réaliser dans la diversité. J'existe avec ma différence. Le code de la famille, les lois foncières, les fetwas, les émissions religieuses à la télévision ne prennent pas en compte un rite pratiqué par des Algériens. Si, par exemple, le fait que la tolérance soit une valeur importante chez les ibadites, cela enrichit la communauté nationale. » Non. Dejal Salah : député FLN de Ghardaïa « Ce n'est qu'une manœuvre politicienne d'un parti, le FFS. Des militants tentent de faire bouger les choses comme ils l'ont fait pour la question de la reconnaissance de tamazight. Ils recherchent une spécificité culturelle comme prétexte pour pouvoir influer sur les gens et rendre la situation plus tendue. Il s'agit d'une grande opération de désinformation, car jamais le rite ibadite n'a subi de pressions ou d'interdits de la part des pouvoirs publics. Dans la Constitution, il n'est fait mention d'aucune spécificité de rite, malékite ou autre. La loi fondamentale garantit surtout la liberté de culte. Je rappelle qu'il existe des instituts et des écoles qui enseignent le rite ibadite sans aucun problème. Il ne s'agit donc que d'une question de surenchère politique et je suis déçu qu'un parti aussi sérieux puisse recourir à une telle manœuvre. »