En marge des travaux du 5e colloque national autour du rite malékite qui s'est déroulé à Aïn Defla les 14, 15 et 16 avril, El Watan Vendredi a interrogé des participants sur la question des éventuelles menaces contre ce rite et les revendications d'officialisation du rite ibadite. Cheikh Khalil Mohieddine El Miss, mufti de Zahlé et d'El Bekaa (Liban) Ce ne sont pas tant les courants religieux autres que celui du rite malékite qui constituent une menace pour nos sociétés, mais ce qui se cache derrière. A mon sens, il s'agit davantage de courants politiques déguisés en sectes religieuses. S'agissant du chiisme, la question qui se pose est la suivante : pourquoi l'Iran rejette-il en bloc la pensée de l'imam Malek Ibn Anès ? Je vous répète qu'il s'agit d'une question politique en premier lieu. (…) Il est étrange et inadmissible d'apprendre que la religion musulmane peut être source de conflit ! Bien au contraire, l'Islam apporte des solutions. L'histoire se répète dans nos régions : le retour de ces conflits sous cette forme signifie le retour du colonialisme. Dr Hamza Abou Farès (université El Fateh, Libye) Il y a danger quand les Etats s'en mêlent. Au-delà, il s'agit simplement de renforcer les rangs autour du rite adopté par la société. En Libye, il existe quelques individus qui pratiquent d'autres rites. En somme, une relecture de la question relative aux différentes pratiques religieuses musulmanes s'impose. Mohamed Aïssa, directeur de l'orientation au ministère des Affaires religieuses Pour le ministre, le rite malékite est un facteur fédérateur qui consacre la tolérance et rejette l'exclusion. C'est l'une des composantes nationales où le dialogue est privilégié et la cohabitation possible quelles que soient les différences. Ce qui se passe à Berriane est une instrumentalisation qui ne peut déboucher que sur une fracture sociale. C'est le fait d'individus au cœur de fléaux sociaux sans aucun rapport avec la religion. On n'exclut pas non plus une piste étrangère. Nous pensons à des rencontres autour des autres rites, mais elles seront destinées à un public averti, chercheurs et universitaires, afin d'éviter les dérapages enregistrés durant la décennie noire avec l'apparition du mouvement salafiste. Dr Slimane Ould Khissal, département des sciences juridiques (université de Médéa) S'agissant du malékisme, je dirais que l'on doit aller au-delà de l'aspect spirituel de ce courant et passer à une application quotidienne, notamment dans le système judiciaire. Je vous rappelle que le rite malékite a eu un impact profond sur le système juridique occidental durant le règne de Napoléon Bonaparte en particulier, lequel a énormément puisé dans les fondements de l'imam Malek. Par ailleurs, le malékisme a contribué à résoudre de nombreux conflits internationaux.