Les travaux du 5e colloque maghrébin sur le rite malékite, organisé à Aïn Defla, se sont achevés jeudi dernier. Les participants ont appelé à l'instauration d'un prix national pour les meilleures études jurisprudentielles sur les rites malékite et ibadite. Une récompense censée, d'après les solliciteurs, «favoriser l'esprit compétitif et encourager la recherche scientifique auprès des enseignants, chercheurs et chouyoukh de zaouïa dans la perspective de faire toute la lumière sur cet important legs des oulémas à travers des manuscrits rarissimes», rapporte l'APS. En clair, c'est une sorte de «prix Nobel religieux». L'idée, si intéressante soit-elle, peut surprendre, venant de la part d'enseignants et chercheurs spécialisés dans un domaine qui fait valoir les valeurs et motivations spirituelles presque au détriment de celles matérielles. L'imam Anas Ibn Malek, fondateur du medhab (rite) a-t-il jamais revendiqué une quelconque récompense ? Qu'un prix de telle sorte soit instauré spontanément par un organisme ne peut qu'être salué, mais que des chercheurs fassent ce genre de sollicitations reste, le moins que l'on puisse dire, surprenant. Et la différence est de taille. Cela dit, il est vrai que la recherche dans le domaine de la jurisprudence islamique traîne en Algérie. Et devant la pléthore des chaînes satellitaires inondant les foyers de «fatwas» en provenance de différents pays, majoritairement ceux du Golfe, les sites Internet et autres ouvrages emplissant les étals des libraires, l'Algérien ne sait plus comment pratiquer sa religion. Il faut savoir qu'une fatwa (avis juridique) dépend des circonstances et des contextes. Elle est assujettie à la vie sociale, donc peut différer d'une société à une autre. L'Algérie est un pays musulman de rites ibadite et malékite. Ce dernier naquit au centre du Maghreb (en Algérie) avant de se propager à cette zone géographique au deuxième siècle du calendrier de l'hégire. Il est l'un des garants de l'unité nationale. Des richesses colossales, en termes de manuscrits et de livres spécialisés dans la jurisprudence islamique selon le rite malékite sont disponibles dans le pays, mais les efforts de classement de ces œuvres et de recherche sont pratiquement inexistants. En dehors de quelques efforts individuels. Pourtant, des écoles de jurisprudence malékite et ibadite existent en Algérie. Mais devant la quasi-absence d'effort de réflexion -après Malek Bennabi, l'Algérie n'a pas connu de véritable penseurs dans le domaine- et, surtout, d'écriture -notre société étant restée adepte de la culture parlée et rarement transcrite-, les valeurs sociales qui font la différence entre le rite malékite et les trois autres rites qui constituent l'islam sunnite commencent à se dissoudre. Rappelons que le rite malékite intègre, pour déterminer la jurisprudence, les pratiques des habitants de Médine comme source, ce qui fait sa spécificité par rapport aux autres courants sunnites. Des efforts doivent être consentis pour créer une émulsion entre les différentes écoles de jurisprudence islamiques en Algérie. Le savoir transmis par voie orale doit être transcrit, les oulémas et les chouyoukh associés. Un prix pour récompenser les meilleures études peut être une approche intéressante (c'est la forme qui dérange). Pour l'heure, le secrétaire général du ministère des Affaires religieuses, M. Ali Hammi, ambitionne de transformer le colloque maghrébin du rite malékite en une manifestation internationale qui verra la participation des oulémas et penseurs du monde musulman. S. A.