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Michele Amari-Historien (1806-1889)
Sicile musulmane, la clef de l'Italie
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2005

Libéral, romantique, matérialiste, contraire à l'influence politique de l'Eglise, se situant à gauche pour l'époque...c'est sous des traits antagoniques qu'est dépeint Michele Amari.
Dimanche dernier, la Bibliothèque nationale à Alger a réservé sa salle rouge pour une rencontre diplomatique et médiatique consacrée à l'œuvre majeure de ce Palermitain à la destinée foisonnante. I Musulmani di Sicilia (les musulmans de Sicile), gros ouvrage traduit pour la première fois à l'arabe, cent vingt ans après sa première parution en Italie, a été l'objet d'une manifestation provoquée par l'ambassade d'Italie en Algérie et son centre culturel à Alger. Goethe disait qu'on ne peut se faire une idée de l'Italie sans voir la Sicile. « C'est en Sicile que se trouve la clef de tout » La clef, pour Michele Amari, se trouve, aussi, dans l'histoire musulmane de cette île au pied de l'Italie. Une histoire que la reconquête des Normands a remisée dans une sorte d'amnésie collective. Acteur des soubresauts politiques de son époque - Amari a vécu entre 1806 et 1889 -, il s'exile en France avant d'occuper de hautes fonctions au sein du Royaume italien. Mais s'impose parallèlement comme grand chercheur de l'identité sicilienne. En pionnier, il publie en 1854 le premier volume de I Musulmani di Sicilia. Arabisant et islamisant, il a traduit à l'italien un grand nombre de textes phares émanant de la présence islamique en Sicile et rétablira à l'identité sicilienne une part d'elle. Il en arrivera à introduire que « l'Occident est aussi-même le fils de l'Islam », avant de penser, de manière troublante, que « l'élément arabe appartient à la civilisation italienne du Moyen-Age ». La rencontre de la Bibliothèque nationale a confronté, dimanche dernier, le préfacier de la traduction à l'arabe de I Musulmani di Sicilia, Franco Cardini, le responsable du projet de traduction, Moheb Saâd Ibrahim, et Antonio Pellitteri, arabisant, professeur d'histoire des pays islamiques à l'université de Palerme. Amari témoigne dans son ouvrage d'un dialogue, fait d'une tolérance religieuse frappante entre une conquête et une reconquête, qui s'est déroulé il y a huit siècles entre deux rives de la Méditerranée. Selon Antonio Pellitteri, la Sicile a joué hamzat el ouasl (point de jonction) entre l'Europe et le monde islamique. En raison de son volume, trois tomes en six parties, cette traduction à l'arabe de l'ouvrage d'Amari n'est pas partout accessible. Le Centre culturel italien en fournira un nombre à la Bibliothèque nationale ainsi que dans d'autres bibliothèques, dont celle du Centre culturel italien, où l'ouvrage pourra être consulté, a assuré le directeur du centre.

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