Me Sidhoum est jugé parce qu'il a remis des cartes de visite en prison à l'un de ses clients en prison. «Une victoire pour le droit de la défense», selon les avocats présents. L'audience d'hier a été marquée par une forte mobilisation des avocats venus même d'autres wilayas (Tizi Ouzou notamment) et par l'engagement d'une «épreuve de force». La vingtaine d'avocats du collectif de la défense — avec à leur tête le bâtonnier Sellini — a pénétré la salle avec des bandeaux noirs bâillonnant la bouche. «Le ministère de la Justice veut faire taire la défense», lance l'avocat Bachir Mechri face à la juge. «Il s'agit depuis le début de procédures nulles et non avenues», soutient Me Sellini, en retirant un instant son bandeau. «Moi j'ai un bandeau sur la bouche. Les magistrats, eux, l'ont sur les yeux», lâche le bâtonnier qui a, avant même le début de l'audience, causé la suspension des travaux. Une avocate handicapée, Me Khadidja Laâlal, a été empêchée de garer sa voiture près du tribunal malgré les demandes répétées au procureur. «Arrêtez de piétiner le peuple», a crié le bâtonnier en quittant la salle et en demandant à tous les avocats de le suivre et de braver l'interdiction de stationner à côté du tribunal. Le procureur a ensuite plié devant l'insistance des robes noires. Un incident illustrant, selon les avocats, que le «bras de fer» est continuel. «J'ai été magistrat et je ne suis jamais tombé dans l'optique généralisée qui pousse les juges à voir en les avocats leurs ennemis», dira Me Sellini.