De Biskra, rebaptisée pour la circonstance « Citadelle du PT », où elle a animé jeudi dernier à la salle Zaâtcha un rassemblement régional des cadres et militants du Parti des travailleurs invités à établir un bilan post-électoral et à faire une lecture politique de la déconvenue du 9 avril, Louisa Hanoune a déclaré, d'emblée, qu'elle rejetait dans le fond et la forme les résultats de l'élection présidentielle. Après avoir rendu un vibrant hommage aux militants du PT de la wilaya de Biskra et de toute l'Algérie, lesquels, a-t-elle soutenu, « se sont distingués par leur engagement et leur maturité politique malgré les pressions, les intimidations et le parti pris de l'administration », elle a rappelé succinctement les grands axes idéologiques fondant la philosophie de son parti créé en 1990 dont « les principes nullement surannés consistent à mettre en avant l'intérêt du pays et des travailleurs au centre de toute politique ». Consacrant une large part de son intervention aux résultats de l'élection présidentielle, l'oratrice a estimé que le PT a été spolié de milliers de voix représentant au moins 30% des voix exprimées et que le score (4,22%), qui lui a été « frauduleusement » attribué au niveau national, était loin de refléter la réalité du terrain. Elle confirme avoir introduit 174 recours concernant 38 wilayas où « la fraude et la falsification se sont jouées à ciel ouvert et ceci essentiellement au détriment du PT », a-t-elle précisé, avant d'ajouter que l'annonce d'un taux de participation de 75% était une aberration et qu'un chiffre avoisinant les 50% aurait été plus proche de la réalité. « Je ne reconnais pas les résultats de cette élection marquée par une fraude massive et qui n'a pas fini d'avoir des répercussions profondes sur la société algérienne », a-t-elle clamé sous les applaudissements. Corroborant ses dires, des responsables et des militants du PT des wilayas de Batna, Khenchela, Sétif, Bordj Bou Arréridj, M'sila, El Oued, Ouargla, Oum El Bouaghi et Biskra dont, il faut le rappeler, le siège de campagne a été la proie d'un incendie quelques jours avant les élections, se sont alors relayés pour mettre en avant les « déplorables » conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées pour eux. Devant la patronne du parti et des membres du bureau national, ils ont énuméré une longue liste de dépassements dont ils auraient été les victimes : agressions verbales et corporelles, menaces, falsifications de PV, bureaux de vote parallèles, nombre de votants supérieur à celui des inscrits sur les listes électorales, des scores de 100% de participation affichés par certaines communes, des substitutions ou de bourrage des urnes et autres courses poursuites entre chefs de centres de vote et observateurs assermentés par les partis. Nullement abattue par la tournure des événements, mais se disant plutôt ragaillardie par les milliers de lettres de soutien et de sympathie qui lui seraient parvenues de tout le pays. Louisa Hanoune a fustigé, sans les identifier, les « centres d'intérêt occultes qui ont privé l'Algérie et ses jeunes d'une bouffée d'espoir », ainsi que le Conseil constitutionnel, le Parlement et la Commission nationale de surveillance des élections qu'elle accuse de « n'avoir rien vu et d'avoir cautionné une injustice », a-t-elle expliqué avant de dire qu'« une fois encore, le régime s'est fourvoyé dans une opération de fraude massive qui dessert plus le pays qu'elle ne renforce sa crédibilité et sa souveraineté ».