Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub C'est de la salle Harcha d'Alger que Louisa Hanoune a décidé de pointer un doigt accusateur vers l'Etat et le gouvernement, leur reprochant d'avoir un parti pris dans cette campagne électorale. «Les ministres sont en campagne électorale pour l'un des candidats alors qu'ils sont en fonction. Normalement, celui qui veut faire campagne doit démissionner», dira la candidate du Parti des travailleurs à la prochaine élection présidentielle. Sous les acclamations de ses partisans venus la soutenir, la secrétaire générale du PT poursuit : «Le 9 avril sera un rendez-vous avec l'histoire. Le PT vous propose un nouveau départ, une économie indépendante et une réelle démocratie. Le PT promet des solutions à tous les problèmes et d'aborder tous les dossiers». La salle se soulève et Louisa Hanoune ne manque alors pas de faire remarquer : «Dans cette salle, il n y a que les enfants du peuple, des travailleurs, des retraités, des femmes et des jeunes. Le PT est avec toutes ces franges et sait que ceux qui sont venus le soutenir ne sont pas des voleurs, que parmi eux ne figurent pas ceux qui ont détourné les biens du peuple ni ceux qui ont mis au chômage les travailleurs. Ceux qui nous soutiennent ne sont pas des barons et ils ne possèdent pas de grandes entreprises. Ces derniers ont choisi leur candidat et…», disait l'oratrice avant d'être interrompue par des «au revoir Bouteflika», clamés par des jeunes présents dans la salle. Louisa Hanoune s'arrêtera alors un moment avant de lâcher : «C'est là un message politique fort». Et de continuer : «Nous avons décidé de participer à ces élections et sommes prêts à lutter même si nos concurrents utilisent les moyens de l'Etat. Au PT, nous n'avons pas peur des intimidations. Nos militants de Biskra, qui ont vu leur permanence brûlée, ont assuré que leur conviction est dans le cœur». Pour entamer son discours, Louisa Hanoune a choisi de lire les pancartes soulevées par les présents : «Le port d'Alger n'est pas à vendre. Nous ne voulons pas de promesses mais des actes. Un acte de décès sans dépouille… Je lis ces pancartes et je ne peux vous mentir en vous disant que toutes les conditions sont réunies pour dépasser toutes les difficultés. Nous subissons toujours les pratiques du parti unique. Seule une réelle rupture avec ces pratiques pourra nous mener vers un nouveau départ et c'est ce que vous propose le PT», dira la candidate, avant d'expliquer les motivations de son parti à participer au prochain scrutin. Interrompue à plusieurs reprises par les familles des disparus, présents en force au meeting de la secrétaire général du PT, la candidate décide d'aborder longuement ce dossier pour rappeler que son parti a été le premier à faire part des cas des disparus : «A un moment où il était interdit d'en parler, nous avons exposé le problème à l'APN» et d'affirmer que la charte pour la paix et la réconciliation nationale ne suffit pas à résoudre le dossier des disparus : «Nous ne sommes pas sortis de la crise. Il est temps de libérer l'Algérie et la charte des contradictions car l'Etat est otage des contradictions. Si je suis élue, je promets de les libérer et de traiter dans sa globalité le dossier des disparus pour que la vérité éclate sans rancune entre les Algériens. Ce sera la victoire de la paix et de la démocratie et cela permettra aux plaies de se refermer». Louisa Hanoune ne manquera pas, à ce sujet, de rappeler que son parti «a toujours été et est contre l'internationalisation de la question algérienne. A ceux qui veulent faire de la question des disparus et des victimes du terrorisme un fonds de commerce, ceux qui sont en Suisse, en France ou aux Etat-Unis, nous disons non. Nous refusons que l'Algérie devienne l'Irak ou l'Afghanistan». Louisa Hanoune poursuivra ensuite son discours électoral pour rappeler les grandes lignes de son programme avant d'affirmer que «la communauté algérienne à l'étranger, qui a commencé à voter aujourd'hui (hier ndlr) nous a rappelé les élections de 1995 où les Algériens sont sortis en force pour dire oui à la paix. Le 9 avril prochain sera également un rendez-vous historique et permettra un nouveau départ alors il ne faut pas le rater».