L'auteur de Bâton rouge et de Little Sénégal a, dans un entretien à l'APS, indiqué que la préparation de cette nouvelle production cinématographique se fera pendant dix mois et le tournage proprement dit nécessitera cinq autres mois. Ce film sera consacré aux massacres du 8 mai 1945 perpétrés par l'armée coloniale à Sétif, Guelma et Kherrata au lendemain de la fin du deuxième conflit mondial. Il abordera également la mobilisation des algériens dans l'armée française lors de la guerre d'Indochine et enfin le déclenchement de la guerre de libération nationale. “Pendant l'écriture du scénario d'”Indigènes”, le chapitre des événements du 8 mai 1945 devait constituer la fin du film. Mais je me suis rendu compte, devant l'ampleur de ces massacres et son importance sur le plan de l'histoire contemporaine, qu'il méritait à lui-seul, un film qui constituera une suite logique d'Indigènes, a expliqué Rachid Bouchareb, qui a rappelé que cette décision a été annoncée lors de la présentation, à l'automne dernier à Alger, de cette oeuvre primée au festival de Cannes. Indigènes, présenté en avant-première à Oran puis à Alger en septembre dernier, a reçu un accueil mitigé par la presse nationale qui reproche au cinéaste d'avoir occulté les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, rappelle-t-on. Pour les besoins du scénario, Rachid Bouchareb s'est basé sur les ouvrages et études historiques relatifs à cette période ainsi que sur les récits et témoignages des acteurs directs, impliqués dans les évènements que retracera le film. Le réalisateur reconnaît que sa tâche n'est pas de tout repos car, a-t-il précisé, “il n'est pas facile de faire un film sur les atrocités commises par le colonialisme, mais c'est mon devoir de cinéaste engagé. Ce travail de mémoire est très important, car il permet de raconter et de faire (re)découvrir un pan d'une histoire douloureuse aux peuples algérien et français, ainsi qu'au reste du monde”. Indigènes, avec ses 3,5 millions d'entrées en France et un véritable succès mondial, a également eu pour retombées politiques: la révision du régime des anciens combattants maghrébins et des ex-colonisés, et l'alignement de leurs pensions sur celles de leurs confrères de la Métropole. Rachid Bouchareb espère que son prochain film éveillerait les mêmes passions et susciterait les mêmes débats “pour aboutir, pourquoi pas à une réécriture des livres avec lesquels on enseigne l'histoire dans les écoles”, a-t-il ajouté. Pour la distribution, le cinéaste fera appel aux mêmes comédiens qui ont interprété les principaux rôles dans Indigènes. Dans certains milieux, on avance même le nom de l'ancien international et ballon d'or de football Zinedine Zidane. “Je ne dirai rien maintenant. C'est trop tôt pour pour en parler”, souligne Rachid Bouchareb, précisant que ce film nécessitera de gros moyens techniques et un budget de 20 millions d'euros. Deux chaînes de télévisions françaises, un producteur anglais sont d'ores et déjà impliqués dans le financement. “Une participation algérienne serait la bienvenue”, a-t-il affirmé. Rachid Bouchareb est l'auteur d'une quinzaine de courts et longs métrages tournés depuis trois décennies, dont Bâton rouge (1985), Cheb (1991), Poussières de vie (1994), Little Sénégal (2001), L'ami Y'a bon (2004) et enfin Indigènes (2006). Ce dernier film a remporté le prix de la meilleure interprétation masculine au festival de Cannes ainsi que d'autres distinctions internationales. (APS)