«Il n'y a pas assez d'actions de sensibilisation pour prévenir cette maladie chronique de la part des scientifiques et des praticiens comme du côté des médias. On ne sait pas pourquoi», constate le docteur Mokrani. En Algérie, on estime à plus de 10 000 le nombre de personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique. Elle est la conséquence d'une complication de certaines maladies. Le diabète et l'hypertension artérielle, dont les cas sont en constante hausse, figurent en tête de liste des taux de prévalence en Algérie. L'évolution programmée de certaines pathologies dégénératives peut également servir de facteur pour une IRC, attestent les néphrologues. Ils précisent que les traitements de suppléance se transforment en une question de vie ou de mort. Des traitements, qu'en l'état actuel des choses, l'Algérie ne peut offrir à ses insuffisants rénaux. Confrontées à un déficit chronique en matière de prise en charge des hémodialysés, les structures d'accueil existantes sont saturées. Quotidiennement, les 170 centres de dialyse, dont 111 du secteur public en activité sur le territoire national, sont pris d'assaut. Quelques opérateurs économiques ont tenté d'investir le créneau en créant des centres d'hémodialyse. A Annaba, ils sont quatre à l'avoir fait. Les quatre centres sont dotés d'équipements médicaux ultrasophistiqués. Le tout récent est le centre El Ferdaous inauguré le 7 mai. Il renforce ainsi les capacités d'accueil nationales pour hémodialysés dans les 170 centres d'hémodialyse qui totalisent 1611 reins artificiels. «L'insuffisance rénale chronique se propage de manière inquiétante auprès des populations rurales et celles démunies», explique le docteur Mokrani. De par le monde, l'hémodialyse est considérée comme une étape transitoire à la greffe rénale. Faute de donneurs et de mise en place de banques de dons d'organes, la greffe est encore à l'étape embryonnaire dans notre pays. Aujourd'hui, les séances d'hémodialyse (une séance coûte entre 4800 à 5800 DA) sont à 100% à la charge de la CNAS. Prise en charge également des frais de transport des malades (du domicile au centre d'hémodialyse) auxquels s'ajoutent 100 DA pour le repas. Annuellement, chaque personne soumise à une dialyse coûte à l'Etat près de 1,2 million de dinars. Il y a quelques années, le responsable de la société privée Sofarm à Annaba avait été le premier à annoncer la réalisation d'une vingtaine de centres d'hémodialyse. Bien que sa déclaration ait été enregistrée, il s'était rapidement rétracté. Depuis, on ne sait plus rien de ce projet, annoncé en grande pompe, pour être réalisé en partenariat avec une firme japonaise.