Bouira, Sétif et Jijel. De notre envoyée spéciale L'ex-chef de gouvernement n'a pas également raté l'occasion d'écorcher son homologue et allié du FLN, Abdelaziz Belkhadem, lui reprochant de faire des promesses «ronflantes et trompeuses», notamment au sujet des salaires impayés. De Bouira à Mila en passant par Sétif et Jijel, le chef du Rassemblement national démocratique a rappelé à l'assistance composée plus particulièrement de militants du parti et de simples curieux, que la date du 10 mai est derrière nous, alors que l'affaire des salaires impayés de quelque 15 000 employés est toujours devant nous. Manière à lui de suggérer que le chef du gouvernement n'a pas tenu parole à ce propos. «Si ma mémoire est bonne, ils ont annoncé en pompe le jour de la célébration de la Journée mondiale des travailleurs que le dossier des salaires impayés sera réglé avant le 10 mai. Comment peut-on promettre à des employés des augmentations de salaires alors qu'ils sont dans l'incapacité de résoudre la question des salaires impayés de ces mêmes employés ?», tonne Ahmed Ouyahia. Et d'abattre sa sentence : «Cessons la politique de la surenchère politique et le discours démagogique», devant une des militantes lors de son meeting à Bouira. Dans une salle archicomble, M. Ouyahia a d'abord rendu hommage aux victimes des événements d'avril et de mai 2001 survenus en Kabylie (Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa). Il a également loué les mérites des patriotes en leur rendant un hommage particulier, en citant notamment «cheikh El Makhfi» qui a sacrifié toute sa vie pour l'Algérie. «Les patriotes ont délaissé leurs familles et abandonné leur travail pour veiller sur la patrie. Ils ont combattu durant plus de 10 ans le terrorisme. Nous estimons aujourd'hui qu'il ne faut pas leur tourner le dos. Il n'est pas seulement du devoir d'un parti politique de se rappeler d'eux, mais il est du devoir de l'Algérie de les prendre en charge», lance encore Ahmed Ouyahia. Dans ce contexte, l'orateur a estimé que la lutte contre le terrorisme se poursuivra et l'Algérie vaincra définitivement ce fléau. «Le terrorisme est nu et les commerçants des vies humaines affiliés au GSPC et qui se sont ralliés à l'organisation d'Al Qaïda sont mis à nu. Contrairement à ce qu'ils déclarent, ils ciblent aussi bien les militaires que les civils. Femmes, enfants, ou personnes âgées, le GSPC frappe partout et cible tout le monde sans aucune exception», assène encore le secrétaire général du RND. Il se dit néanmoins convaincu que l'Etat est fort et capable d'éradiquer complètement le terrorisme. «Ce n'est pas parce qu'il y a eu une bombe au Palais du gouvernement qu'il faut mettre un terme à la réconciliation nationale et qu'il faut baisser les bras. Si l'on me considère comme un éradicateur, je n'ai nullement à rougir, bien au contraire, je répondrai que je suis triplement éradicateur.» M. Ouyahia rassurera ses partisans que le RND n'a pas vocation à être un parti d'opposition sauf «si l'Algérie renonce à être un Etat novembriste, républicain et démocratique». A Sétif, le chef du RND a été accueilli à l'entrée de la salle omnisports par «le professeur» Yahia Guidoum, tête de liste du parti et ministre de la Jeunesse et des Sports, en compagnie de Nouara Saâdia Djaâfar, ministre déléguée à la Famille. Aux férus de l'Entente qui scandaient des slogans favorables à l'ESS, le patron du RND répliquera par un : «Mon rêve est de pouvoir comparer un jour cette équipe à celle du Real de Madrid.» M. Ouyahia ne s'est tout même pas épanché sur le programme de son parti dans le domaine du sport. Il a en revanche souhaité que Sétif ait un statut de quatrième ville du pays. A Jijel, M. Ouyahia a défendu le principe de conclure la concession du port de Djendjen à un partenaire étranger qui «ne doit faire peur ni à la population ni à certains dirigeants». Pour lui, l'exploitation de ce port de manière rationnelle implique la présence d'un partenaire étranger. «Cela permettra, a-t-il dit, la création de nouveaux emplois et des entrées considérables d'argent et un fonctionnement continuel.» Surfant sur les chiffres, Ahmed Ouyahia fera remarquer que l'exploitation de ce port génère aujourd'hui «juste 5%, alors que l'on peut faire beaucoup mieux», affirmant que «nous devons mener une bataille contre la pauvreté et le chômage, aussi grandiose que celle que nous avons menée contre le terrorisme». Transition faite, Ahmed Ouyahia déclare pour la première fois que c'est à Jijel que «nous avons négocié les premiers accords pour l'arrêt de l'effusion de sang». L'allusion est évidemment faite aux fameux accords secrets conclus entre l'armée et les éléments de l'AIS en 1997, et qui avaient abouti à la trêve décrétée par le bras armé du FIS dissous dirigé par Madani Mezrag. M. Ouyahia s'est cru en devoir de motiver cette démarche en précisant : «Nous étions dans l'obligation d'agir et d'opter pour cette démarche pour la paix et la stabilité, mais le seul héros dans tout ce processus reste le peuple», devait-il nuancer.