La nouvelle composante du Conseil national sera connue ce matin. Le patron du RND a réussi son pari ce week- end. Le deuxième congrès s'est déroulé comme prévu, sans incident, ni discordance. Les organisateurs et à leur tête l'ancien ministre de l'Industrie, Abdesslam Bouchouareb, ont suivi la méthode américaine, ce qui a donné des allures de convention à cette importante rencontre organique. Ahmed Ouyahia qui a présidé ces assises a été plébiscité plus tôt que prévu par les quelque 1 200 congressistes venus tourner une page — pas tout à fait rose — de l'histoire de cette jeune formation politique. Juste après cette “élection” par acclamation, le nouveau secrétaire général du RND a pris la parole pour remercier les militants qui ont placé leur confiance en lui, tout en reconnaissant que le parti qu'il dirige depuis janvier 1999 a connu des moments de bonheur et d'autres de déception, allusion ici faite à la dernière crise, vécue il y'a quelques mois, quand certaines personnes ont essayé d'organiser le putsch contre Ouyahia. A l'ouverture des travaux de ce congrès, et devant des invités de marque : ambassadeurs, leaders de parti, personnalités et responsables des médias nationaux, le premier responsable du RND, qui porte également la casquette de Premier ministre, a prononcé un “discours programme”, de l'avis même des participants. L'intervention de Ahmed Ouyahia a été très longue et exhaustive. Tous les volets et questions d'actualité ont été abordés : résistance contre le terrorisme, devoir de mémoire, redressement national et dialogue sont revenus tel un leitmotiv dans cette intervention qui a surpris certains participants par les messages qu'elle véhicule. Le numéro un du RND s'est longuement attardé sur la lutte contre le terrorisme, priorité qui a fini par être évacuée de la scène politique, ces dernières années, comme si le fléau était définitivement éradiqué. Ouyahia a voulu rompre avec le discours ambiant en rendant un hommage appuyé à ceux qui se sont sacrifiés durant ces dernières années pour que l'Algérie reste debout. Par devoir de mémoire. Une mémoire qui doit être entretenue pour ne pas oublier les martyrs de la démocratie et du devoir national. L'assistance a longuement applaudi les hommages rendus par Ouyahia à Abdelhak Benhamouda, premier fondateur de ce rassemblement et également au Patriote Zidane El-Mekhfi. Il a tenu à saluer tous ceux qui ont permis à l'Algérie de rester “novembriste, démocratique et républicaine”. L'orateur est allé jusqu'à faire appel à la terminologie utilisée par l'ancien président Zeroual pour qualifier les terroristes quand il a abordé la disparition tragique du fondateur du RND, Abdelhak Benhamouda : “Son lâche assassinat par les traîtres, criminels et mercenaires n'a pas arrêté la marche grâce au dévouement d'un autre digne fils de l'Algérie, le moudjahid Abdelkader Bensalah, auquel je rends hommage pour avoir veillé à la naissance et au lancement de cette famille”. Ouyahia a saisi cette occasion pour annoncer une initiative politique : la création d'un front national contre le terrorisme. L'intervention est porteuse de messages dont la portée politique dépasse celle de simples vœux d'un responsable de parti. Sur la question de la Kabylie, comme sur la poursuite ou le parachèvement du processus de redressement national, sans oublier le dialogue social (lire l'article de Hassan Moali), le patron du RND a livré des indices qu'il faut bien décoder. L'homme porte une double casquette. Celle du chef du parti ne masque pas celle du Premier ministre. C'est d'ailleurs ce qui a donné un ton particulier et une signification presque officielle aux propos de Ahmed Ouyahia. Ce dernier mettra-t-il en œuvre sur le terrain, en tant que Chef du gouvernement, ce qu'il a annoncé jeudi du haut de la tribune du congrès comme secrétaire général du RND ? Il sort en tous cas renforcé et conforté, avec une légitimité qui prend sa source directement du congrès et aura le champ libre pour mettre en œuvre sa vision. Ouyahia se projette dans l'échéance de 2009, sauf si les décideurs comptent en faire une alternative en avril 2004. Option qui n'est pas à écarter si l'on arrive à cerner totalement les véritables mobiles de la nomination de cet homme à la tête du gouvernement, après avoir été critiqué pour sa politique quand il était aux commandes. Il faudra attendre les prochains mois, une fois tous les éléments réunis, pour saisir les implications et les conséquences du limogeage de Ali Benflis et du retour de l'ancien bras droit de Zeroual. M. A. O.